J'ai beaucoup de mal avec le cinéma de Fabrice Du Welz. L'homme est passionnant à écouter, on le sent habité par le cinéma, mais pour ses films dits personnels (Calvaire, Vinyan ou Alléluia), je trouvais ça au mieux mortel d'ennui. J'allais jusqu'à aimer ses commandes, Colt 45 et Message from the king. Mais là, le miracle fut, Adoration, qui conclut sa trilogie (officieuse) des Ardennes, un film où il a mis ses tripes, dans sa Belgique natale, est un film que j'aime beaucoup.
On suit un couple d'adolescents, joués par Thomas Giora et Fantine Harduin, qui fuient la clinique psychiatrique où cette dernière était internée. Par amour, il va la suive dans sa recherche désespérée d'un parent, et vont s'enfoncer dans la forêt des Ardennes.
Du Welz se considère comme un plasticien, je ne suis donc pas surpris de la qualité plastique des plans, que je trouve très beau, car il filme cette forêt comme une jungle, avec peu de personnes, mais aussi comme un endroit où ce couple va se perdre. Ça marche aussi grâce au jeu des deux comédiens qui sont formidables. Fantine Harduin est assez impressionnante, car elle a des crises de nerfs qui font froid dans le dos, et peut avoir pour ce pauvre Thomas Giora un amour fou, une dévotion, car elle sait qu'il est le seul à vouloir d'elle en quelque sorte. Et lui, follement épris, la suit dans ces folies, avec des scènes souvent fortes, comme celle de la poule, où l'état second de la jeune fille va se manifester.
Notons aussi la présence dans un rôle secondaire de Benoit Poelvoorde, qui est en quelque sorte le seul personnage positif de cette histoire, et qui est mille lieues de ses cabotinages tant je le trouve transcendé, et différent dans son apparence, son jeu...
Même si le résultat touche parfois à la contemplation, au risque de laisser du monde sur le côté, j'aouve avoir été touché ce film, qui le signe d'un amour fou qui peut se manifester sous toutes ses formes. Rien de graveleux, mais la volonté de ce garçon d'être coute que coute avec cette fille qui ne cesse de lui créer des ennuis a quelque chose de beau, avec une issue incertaine à la clé.