Paul, garçon solitaire et sensible d'une femme de ménage dans un hôpital psychiatrique, se construit un monde imaginaire, perché sur les arbres du jardin de l'hôpital. Il cherche à guérir les oiseaux, invente un dialogue avec eux.
Un jour, il rencontre Gloria, une jeune fille internée, rebelle aux soignants. Elle dit être victime d'un complot familiale et s'enfuit avec Paul vers la Bretagne où habiterait son grand père.
Les deux enfants ressemblent à Hansel et Gretel, errant dans une forêt noyée dans la brume, voguant sans cap dans un fleuve, seuls contre tous. Ils fuient les adultes, qui terrorisent Gloria. Des adultes pas forcément méchants mais qui ne savent pas protéger leurs enfants de leurs propres fragilité.
Leur fuite rappelle La nuit du chasseur de Charles Laugthon, où deux enfants fuient un sanguinaire beau père qui en veut à leur argent. Ou au Labyrinthe de Pan, de Guillermo del Toro, où la jeune Ophélia pénètre un monde fantastique pour échapper à l'histoire dramatique qui se déroule en pleine Espagne franquiste. Mais dans Adoration, les méchants et les gentils n'existent pas. Sauf dans l'imaginaire paranoïaque de Gloria.
Le film magnifie la gentillesse à travers le regard de Paul qui a trouvé en Gloria un nouvel oiseau à protéger. Paul s'enferme avec Gloria dans son monde, malgré les coups et les blessures infligés. Il l'aime, il l'adore et choisit de ne pas voir la réalité de son état. Gloria l'éveille à l'amour, à l'aventure, donc à d'autres réalité dont le privaient les adultes.
La folie dangereuse de Gloria nous plonge dans une peur sans remède, pour elle et pour Paul. Ce qui nous laisse dans un état de malaise. On ne peut pas juger cette histoire d'amour malade. Juste saisir les émotions brutes, bien réelles qui passent sur les visages des personnages, et accepter de nous perdre dans ce conte pour adultes, en étant bercé par une musique éclectique et envoutante qui semble sortir de l'esprit des deux adolescents.