Attention, cet avis comporte ce genre de spoilers


Selon certains médias à l'époque (europe1, 20minutes, challenges...), la référence de Christine Lagarde aux "adultes" était pour la présidente du FMI une manière de fustiger le comportement des représentants grecs. Dans le film, c'est l'inverse, la remarque semble d'adresser aux membres de l'Eurogroupe. C'est qui qui dit vrai?


C'est la crise
2015, une crise économique ravage la Grèce depuis 4 ans quand le parti Syriza arrive au gouvernement. Alexis (premier ministre) et Yanis (ministre des finances) vont tenter de négocier un plan de redressement auprès de Wolfgang, Angela, Michel, Pierre, George, Mario, Christine, Jeroen, Jean-Claude et les autres. Mais ces derniers ont un autre agenda.


Costa-Gravroche
Pendant les 2 heures du film, le réal restitue les entrevues on et off, les double-discours, les réunions, les points presse, les jeux de sémantique, les éléments de langage: la crise politique vue d'en haut par les "décideurs". Le tout vire au vaudeville cruel où la politique n'est qu'une question de posture, de bluff, de rapport de force...comme toute négociation. Pendant 1h30, ce petit théâtre tient en haleine. Parce qu'on s'amuse à reconnaître les protagonistes, parce que les décors montre les centres de décisions. L'impression d'être au cœur des institutions est frappante.


Malheureusement, en adaptant le livre de Yanis Varoufakis, Costa-Gavras adopte aussi son point de vue. On se retrouve avec un film manichéen, avec d'un côté, les gentils politiques grecs, ouverts au dialogue, du côté de la démocratie et des braves gens qui souffrent et de l'autre, des technocrates cravatés, non élus, butés, de mauvaise foi, pervers, au service de l'argent.
Et là, je crie à la démagogie: DEMAAAAGOOOGIIIIIIE! Ici le film est à charge contre l'Eurogroupe (réunion des ministres de l'économe de chaque pays + BCE + FMI), vue comme l'organe d'un régime autoritaire. La question des rapports de force entre pays qui a abouti à cet ubuesque "Memorandum of Understanding" est survolée. C'est pourtant la cœur du problème.


Je veux bien qu'on dénonce le cynisme des politiques et des médias mais il faut le faire complètement, y compris du côté du gouvernement grec. Parce qu'organiser un référendum pour ou contre l’austérité dans une situation de crise n'est qu'un levier pour faire monter la pression dans la négociation et opposer 2 sources de légitimité (celle de L'UE contre celle du vote grec). Alors faire passer Alexis et Yanis pour des héros du peuple alors qu'ils jouent eux aussi à la manipulation de masse, c'est jouer avec le feu du "peuple contre les élites". Quand tout le monde sera bien dégoûté de l'UE, elle pourra s’effondrer tranquillement sous les votes nationalistes. Merci au réal d'apporter sa pierre à cette entreprise de démolition.

Dandure
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le 8 nov. 2019

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