Sur le papier, le projet avait tout pour plaire, porté par le nom prestigieux de Guillermo Del Toro à la production et par un réalisateur ayant déjà fait ses preuves dans des genres très différents.
Sur la pellicule, le film bénéficie de décors naturels splendides, parfaitement mis en valeur par une photographie discrète et par la mise en scène ample de Cooper. Les paysages froids et sauvages de l'Oregon semblent faire partie à part entière de l'histoire et noient parfois les protagonistes sous leur ciel gris.
C'est justement au niveau de l'histoire que le soufflé s'effondre. Del Toro nous a habitué à des films dans lesquels les peurs et traumatismes de l'enfance s'insinuent à travers des récits glaçants et immersifs. Mama, L'Orphelinat, sans parler de ses propres films Le Labyrinthe de Pan ou L'Echine du diable. Il est donc d'autant plus décevant de voir le thème traité avec aussi peu de finesse et de subtilité. Les personnages manquent d'épaisseur et le scénario d'enjeux, ce qui nuit à l'immersion et, donc, à l'angoisse ressentie. On a l'impression que le scénariste se contente de valider un par un les différents clichés du genre sans chercher à y apporter quoi que ce soit de nouveau.
Dommage car le design de la créature, sans être foncièrement original, est plutôt réussi. Mais son apparition, dans le dernier tiers, entraîne aussi une chute de la qualité de la mise en scène, qui peine à rendre nerveuses les quelques poussives scènes d'action.
On sent clairement les limites de l'adaptation d'une nouvelle qui manque sans doute de chair pour mériter d'être portée à l'écran.