L'horreur est un genre codifié qui n'a de vrai intérêt que quand il dépasse ses repères habituels et montre qu'il peut, pourquoi pas, parfaitement se marier avec d'autres styles cinématographiques (comédie, thriller, drame social, etc), à condition de trouver le bon dosage. Les précédents films de Scott Cooper ont prouvé que le cinéaste savait parfaitement imprégner un univers de manière personnelle et Affamés pouvait être un nouveau chapitre de cet éclectisme éclairé. Le résultat n'est pas vraiment à la hauteur malgré des prémices alléchantes, le marasme social servant que de décor glauque et la légende amérindienne de la créature venue venger Dame Nature n'étant utilisée que pour mener une enquête classique, avec quelques scènes franchement répugnantes, à la clé. Que quelques personnages secondaires soient sacrifiés à l'appétit du cerf violent (qui répond au doux nom de Windigo) fait partie d'un cahier des charges bien normé, tandis que l'héroïne enfilera les habits de la sauveuse, avec une bravoure à toute épreuve. Et si, finalement, Affamés était avant tout un film sur la maltraitance des enfants, sujet plus que prégnant pour ses personnages principaux, mais plutôt maladroitement traité et un peu oublié dans une dernière partie plus axée sur l'action. Le dénouement est poussif, confus psychologiquement (l'attitude du jeune garçon) et la dernière scène clin d’œil tient de la paresse intellectuelle.