Paul Schrader, talentueux scénariste et réalisateur, adapte ici un roman que je n'ai pas lu. Néanmoins, si l'adaptation est fidèle au roman, alors il n'est pas étonnant qu'il se soit emparé de cette histoire, tant la ressemblance du personnage principal avec celui de Taxi driver saute aux yeux. Mais Affliction est, si possible, encore plus noir que le film de Scorcese. Trop noir, en fait, peut-être, pour réellement séduire. La vie du personnage joué par Nick Nolte est un véritable enfer, si bien qu'on se demande comment il a pu ne pas péter les plombs avant.
L'histoire qui va mettre le feu aux poudres, c'est une mort dont on ne sait pas très bien si elle est accidentelle ou non. Pour Wade Withehouse en tout cas, il n'y a pas de mystère, c'est bien un meurtre, et il va s'employer à le prouver. Cette incursion dans le polar se révèle vite être une fausse piste. Affliction n'est pas un thriller, c'est un drame épais comme cette neige omniprésente, et poisseux. On n'y respire pas, d'autant que le clou est enfoncé par les flashbacks mettant en scène un odieux James Coburn en père du personnage principal.
C'est par ailleurs, me semble-t-il, une certaine faiblesse du film, qui aurait sans doute gagné à ne pas expliquer le comportement de son personnage principal. Au fur et à mesure que le portrait d'ensemble se dévoile, l'universalisme du sujet tend à devenir un cas particulier, et l'horreur se dilue en devenant un simple fait divers.