Ce n'est pas la première fois que le thème d'After Love est traité au cinéma mais le premier long-métrage du britannique Aleem Khan s'y emploie avec une intelligence et une sensibilité marquantes. Découvrir, après sa mort, que son mari lui cachait une double vie, correspond pour Mary, sa veuve, à une trahison et à un écroulement des certitudes d'une existence, qui s'ajoutent au deuil. Tout au long du film, le spectateur a tout latitude pour se mettre à la place de cette femme meurtrie et non seulement de rejoindre mais aussi d'imaginer ses états d'âme, dès lors que le récit se garde bien de toute démonstration. La mise en scène, précise, est proche de son interprète principale mais élargit son champ d'action au fur à mesure, pour prendre en compte les personnages qui entrent en relation avec l'héroïne. Au-delà de sa trame majeure, qui relève aussi du suspense et du thriller mental, After Love s'attache aussi à montrer une femme qui a épousé une religion (musulmane) par amour, un élément-clé du scénario qui ajoute une touche culturelle et sociale dans la construction extrêmement bien écrite du film. Et l'émotion dans tout cela ? Elle est contenue et ne surgit qu'à l'approche du dénouement, d'une manière habile et spectaculaire, qui culmine dans un travelling arrière vertigineux et sublime qui est tout le symbole d'une histoire qui a duré des années entre Douvres et Calais, à l'image de ces deux villes, comme dans un miroir. Côté interprétation, si Nathalie Richard est comme toujours parfaite, c'est bien Joanna Scanlan, incroyable, qui mérite tous les éloges.