On peut comprendre que Michael Powell a été attiré par le scénario de « Age of Consent », son protagoniste présentant des similitudes avec lui. A savoir, un artiste soixantenaire, blasé par son succès, qui décide de retourner au bercail pour retrouver l’inspiration auprès d’une muse inattendue. Il s’agit peut-être d’une vision fantasmée pour le réalisateur, qui était alors en fin de carrière, et qui avait énormément souffert professionnellement (et probablement personnellement) de la mise au ban injuste de « Peeping Tom » quelques années plus tôt.
Toujours est-il que « Age of Consent », sans être parmi les œuvres brillantes de Powell, est intéressant. L’ensemble démarre doucement, très doucement même, pas grand-chose ne se déroulant pendant la première heure. Mais les décors naturels australiens sont très jolis (contraste entre bleu océanique et vert de la végétation), et on apprécie la tension sexuelle présente. L’originalité étant que le peintre éprouve très peu d’attirance pour son modèle, alors qu’elle est intriguée par lui. La tension réside en fait davantage chez le spectateur masculin, qui attend de pied ferme la mise à nu (au sens littéral) de cette muse…
Là-dessus, le film ne déçoit pas, parvenant à érotiser une jeune Helen Mirren, alors inconnue. Il nous gratifie de plusieurs scènes de nudité, étonnantes pour l’époque. A noter toutefois que malgré l’accord de la censure, le distributeur a lui-même charcuté le film aux USA et en Grande-Bretagne. Il existe ainsi plusieurs versions du film, plus ou moins prudes (1h48 pour la version complète). On a aussi quelques dénouements surprenants, dont une agression sexuelle qui est loin d’être celle que l’on imaginait au départ !
Quant au reste, James Mason est attachant dans ce vieux peintre qui tente de travailler, et qui va revivre au contact de sa muse… tout en étant dérangé par les habitants et les visiteurs d’une île qu’il pensait plus ou moins déserte. Parmi eux, un second rôle comique un peu lourdaud mais un peu drôle tout de même. Côté mise en scène, c’est relativement sage pour du Michael Powell, s’il on excepte quelques effets amusants, et un montage parfois étrange qui enchaîne les ellipses.