C'est le genre de film auquel "Le bureau des légendes" aura filé un énorme coup de vieux.
On sent en effet que le réalisateur tente d'insuffler un certain réalisme à cette histoire d'espionnage moderne, mais l'authenticité (des situations, des personnages...) ne saute pas aux yeux, contrairement à la série de Canal + qui parvient à faire exister ses personnages, tout en dégageant une forme de crédibilité.
Avec "Agents secrets", on perd sur les deux tableaux : dans un souci de réalisme, le film se révèle trop mou et opaque pour un divertissement à grand spectacle (notamment dans la première partie), mais dans le même temps n'évite pas certains excès/invraisemblances qui ruinent un peu le côté "sérieux" du projet.
Par ailleurs, on ne ressent pas grand chose entre les différents agents de la DGSE, ni la proximité, ni les rivalités, ni la défiance vis à vis de la hiérarchie. Ces liens supposés complexes sont parfois énoncés à travers les dialogues, mais n'apparaissent pas vraiment tangibles à l'écran.
C'est d'autant plus dommage que Frédéric Schoendoerffer, fort du succès de son premier film "Scènes de crime", parvient à réunir un joli casting pour "Agents secrets", à l'image de seconds rôles tels que André Dussollier ou Charles Berling (tous deux héros du film précédent).
Surtout, on retrouve en haut de l'affiche le couple star du cinéma français de ces années-là, à nouveau réunis sur les plateaux deux ans après "Irréversible".
Si Vincent Cassel, sans forcer son talent, fait plutôt bien le job grâce à son métier et à son charisme, la très belle Monica Bellucci prouve hélas qu'elle n'est pas une grande comédienne, pénalisée par son accent qui rend parfois ses dialogues inintelligibles.
Si "Agents secrets" n'est donc pas une réussite, loin s'en faut, le film reste néanmoins un divertissement correct.
Un peu à l'image de la mise en scène de Schoendoerffer, capable d'une certaine épure et de quelques bonnes idées, mais aussi coupable de scènes d'action peu lisibles et de quelques fautes de goût malvenues (cf le rêve de Bellucci).