Agora est un film bizarre. Film historique mais à côté de l'Histoire, biographie d'une (relative) inconnue, on comprend mal d'où il vient et où il va, ce qui nous change agréablement du dernier Jerry Bruckheimer. Le problème étant que, le film achevé, ces questions demeurent.

Hypathie d'Alexandrie est, à n'en pas douter, un personnage cinématographique. Femme philosophe à une époque encore relativement réservée quant au bien fondé de l'émancipation féminine, icone d'une ville ancrée dans nos imaginaires par le Phare, la Bibliothèque, et la chanson de Claude François, morte dans des conditions tragiques qui promettent maints sanglots violonnés avant le générique, il y avait quelque chose à faire, en particulier quand vous avez la chance de compter à votre casting la Déesse (que mille colombes nacrées chantent d'un bruissement d'ailes la splendeur de son teint) d'Hollywood, la Nymphe (que mille tritons gluants lui chatouillent les orteils pour la faire sourire) de la pellicule, j'ai nommé Rachel (l)(l)(l) Weisz.

Seulement voilà, un personnage, et un décor, c'est un bon début, mais ça ne suffit pas pour faire un film qui tient la route. Et si Agora évite le carton dans le virage, il louvoie quand même sérieusement sur la piste. Trop ambitieux, peut-être, ou inquiet du manque d'épaisseur de la seule Hypathie, Amenabar s'encombre d'une intrigue politico-religieuse intéressante sur le papier, mais franchement mal traitée (et maltraitée). Le fanatisme des premiers chrétiens est évidemment incontournable quant on aborde ce personnage, mais dans sa volonté de croiser destin individuel et sens de l'Histoire, il noie ses enjeux et on finit par s'ennuyer de cette intrigue diluée.

A titre de comparaison, dans Kingdom of Heaven (au moins dans sa version director's cut) Ridley Scott prenait le temps d'asseoir un personnage, puis de l'accompagner vers une intrigue historique plus large, quasiment jusqu'aux livres d'histoire, sans jamais perdre de vue son personnage et son point de vue (oui, c'est moche les répétitions). Ici, tout s'entremêle bien vite et bien maladroitement, de sorte qu'on ne sait plus dire si le sujet du film est Hypathie, le christianisme, Alexandrie, ou l'astronomie entre beaux gosses ombrageux.

S'ajoute à ce flou scénaristique une réalisation aléatoire, parfois discrète, et parfois franchement toc, en particulier ces zooms "Google Earth" signalés dans beaucoup d'autres critiques , qui n'ont aucun intérêt sinon celui de gagner de précieuses minutes de pellicule sans payer le moindre figurant.

Pas foncièrement mauvais, Agora est affligé de trop gros défauts pour mériter mieux qu'une moyenne polie, histoire de se quitter bons amis.
Troll
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le 24 août 2010

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Troll

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