Aladdin peut être légitimement perçu comme le film ayant achevé le changement de méthode de production d'un dessin animé version Disney. Certains y verront la confirmation de la décadence l'impotent studio obligé d’enchaîner les films pour rester incontournable. L'encrage par ordinateur (CAPS) est à présent la norme, les images et l'animation de synthèse par ordinateur, utilisée avec parcimonie dans La Belle et la Bête, sont ici employées à outrance, le tout affublé qui plus est d'un design... Particulier, typique d'un processus de production mis en place pour la quantité, le soin et les détails passant à la trappe. Le résultat est que revoir Aladdin aujourd'hui, c'est se prendre une sacrée claque face à des images qui ont effroyablement mal vieillies...
Aladdin garde cependant un charme indéniable qui doit beaucoup à un vieux film que je ne désespère pas de faire reconnaître sur SC : Le voleur de Bagdad.
Hommage ou pillage, Aladdin effectue ni plus ni moins un plagiat total de ce film. Tout y est : un génie, un diamant rouge rutilant, un sultan passionné par ses jouets, un voleur nommé "Abu", un temple maudit contenant une lampe, un tapis volant, une princesse qui doit se marier... et Jaffar, renommé Jafar dans la version Disney... C'est bien sa seule différence. Ils sont visuellement strictement identiques : la cape, le turban, la moustache, la voix grave, le tempérament, jusqu'à l'eye liner assombrissant son regard... Tout, dans les décors, les costumes, les personnages, est identique. Excepté que Le voleur de Badgad foisonne de détails, chaque plan est un tableau des milles et une nuits..
Bref, fans d'Aladdin, penchez vous sur ce film enchanteur...
Aladdin a cependant ses propres caractéristiques qui en font un bon Disney : ses chansons (Prince Ali !), ses aventures effrénées, ses personnages attachants, une histoire qui finit bien... Ses anachronismes outranciers s'échappant de la magie délurée du génie, le personnage comique par excellence qui a tendance à monopoliser l'écran (au propre comme au figuré), à chacune de ses apparitions.
Il n'en reste pas moins qu'Aladdin enterre l'animation artisanale, la palette graphique a définitivement remplacé l'encre et le pinceau, et le graphisme en tant que tel est bien en deçà des productions antérieures (Derechef La Belle et la Bête). Disney semble en être conscient cependant puisque, comme pour bien ancrer son film dans la lignée de ses prédécesseurs, il fait apparaître Pinocchio et Sébastien...
Ne boudons cependant pas notre plaisir. Quand on l'a vu gosse, Aladdin reste un plaisir à revoir.