Un albatros qui nous prendrait pour des pigeons ?...
La voile, la Police, la mort, le drame... des thèmes qu'on rencontre souvent chez Xavier Beauvois, né dans le Pas de Calais en 1967 et qui tourne dans son pays natal mais sans rencontrer le succès d'un Dany Boon..., qui alterne lui aussi les métiers d'acteur, de scénariste, de réalisateur et ne dédaigne pas planter ses caméras au nord de Paris...
Et pas à Saint-Tropez comme d'autres gendarmes passant leur temps à chasser le naturisme, mais ici du côté d’Étretat en Seine Maritime...
Contrairement à la drôlerie des films de Jean Girault, on nous montre à contrario le côté immergé de l'iceberg, caché et sordide du métier de gendarme,et qui ne va pas encourager les vocations... Si vous enviez cette profession en bord de littoral, vous allez être déçus de leur quotidien...
La "mise en bouche" commence par la découverte d'un cadavre échoué sur le littoral : ce n'est pas la "baie des Trépassés" mais ça y ressemble...
On se demande si Beauvois n'a pas raté sa carrière puisqu'il se plaît à s'immerger dans le milieu des forces de l'ordre : par le passé : en 1995, il avait même poussé la conscience professionnelle jusqu'à se faire arrêter par la Police...
Pendant une bonne heure, on subit donc la vie d'un gendarme, de sa caserne, et des épreuves peu alléchantes d'un quotidien pas vraiment rose bonbon...
François Deguelt chantait pourtant : "il y a le ciel, le soleil et la mer..." mais nous, on commence à par s'ennuyer ferme dans ce ciné-réalité : les films documentaires à la télé fourmillent de réalisations sur les gendarmes au bord de l'autoroute, les gendarmes par ci-par là !
Jusqu'au moment où Laurent (joué par Jérémie Rénier, rien à voir avec Yves) le héros du film et sous-officier ici, commet une bavure criminelle : à trop vouloir bien faire, on commet parfois l'irréparable... Le train-train sombre soudainement au drame et on se réveille ! Rétro du scénario, tiré de faits réels :
"La vie quotidienne d'un gendarme en caserne se transforme le jour où il utilise malheureusement son arme de service pour tenter de raisonner un agriculteur ruiné aux tendances suicidaires...
Sa vie familiale et professionnelle est détruite et il prend le large dans un voilier pour se suicider et mettre fin à ses remords. Là, le film prend une toute autre tournure plutôt genre science-fiction...
On a droit à trois climats différents et au vent du large pour le même prix !"
Malgré un zeste d'empathie pour celui auquel le ciel est tombé sur la tête, on n'entre pas dans ce milieu militaire tant ça sent la comédie !
Dès le début, lors de la découverte du cadavre, pas d'identité judiciaire pour faire les constatations d'usage, les photos et lors de la fouille du cadavre, l'adjudant Laurent prend un paquet à mains nues : tant pis pour les empreintes ou l'analyse ADN....
Puis l'armurerie de la gendarmerie semble bien peu sûre : pas de coffre-fort à la porte blindée, la porte en bois du local est verrouillée par une serrure basique... Je ne dirai pas qu'il n'y a pas qu'à se servir, mais presque...
L'arrestation d'un mis en examen semble se faire au mépris de toute formation préalable propre à négocier psychologiquement avec un dépressif portant une arme...
Le scénario est un désastre et sent l'absence de personnalité d'un écrit à trois mains... On dirait trois films différents ! Tout d'ailleurs sent l'auberge espagnole : le réalisateur-scénariste fait aussi l'acteur, le film est un mélange d'acteurs professionnels et non professionnels (raisons budgétaires ?) Heureusement, l'agriculteur suicidaire est incontestablement doué...
Je ne dirai pas à contrario beaucoup de bien de Marie-Julie Maillerie qui non contente de sévir au scénario, joue (enfin, tente...) la compagne de l'adjudant, et l'est aussi dans la (vraie) vie. Pas crédible et peu taillée pour la comédie. Et pour faire encore plus vrai, de leur vraie fille, naturelle au possible, mais que l'expérience j'espère, n'aura pas trop marquée ?
On tombe aussi dans le copinage avec Victor Belmondo, petit-fils de qui vous devinez mais il y a un air de famille.... et cachetonne aussi...
Ce film selon certains, étant tourné à la façon de Pialat, expliquerait pourquoi Sylvie, sa veuve finance le film après deux autres du même réalisateur....
Naufrage pour cet avant-dernier des et huitième des neuf films avec Beauvois à la réalisation
depuis 1991 : 90 275 entrées...
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France 3 le 15.07.2024-