Pourtant Xavier Beauvois, j'aime bien. « Des hommes et des dieux » était un beau film, « Le Petit Lieutenant » une réussite et même « La Rançon de la gloire » une comédie dramatique relativement réussie. Il était donc logique que je me laisse tenter par « Albatros », et malgré les réserves, la première heure se tient. Nous sommes dans une logique très réaliste, très « quotidienne », avec ce que peut représenter une journée de boulot « normale » pour la gendarmerie, les différentes affaires étant présentées avec clarté sans trop s'appesantir sur les détails.
Il y a de l'humain, des personnages crédibles, touchants sans rentrer dans une logique larmoyante. L'une d'entre elles va alors devenir le déclencheur d'un terrible accident, l'occasion de tirer un nouveau signal d'alarme (salutaire) sur la situation de nombreux éleveurs en France. L'œuvre va alors prendre une direction différente, se concentrant sur
un destin individuel brisé, un homme à la dérive (ahaha), incapable de se remettre de sa bavure, durant laquelle il a eu une malchance assez incroyable.
Mais que c'est long... Beauvois cherche clairement à coller au cinéma social français actuel : on propose de longues scènes étirées, on filme tout, on se montre très démonstratif, on fait durer le film presque deux heures même si pas grand-chose ne le justifie... La relative efficacité qui portait jusqu'alors « Albatros » se perd dans un énième drame intimiste pesant, correctement filmée sans avoir beaucoup à offrir ou proposer, hormis une poignée de moments inattendus. Reste la belle prestation de Jérémie Rénier, le dépaysant cadre normand et donc cette honorable première moitié, mais lorsqu'un de nos meilleurs représentants hexagonaux se prête au conformisme du « cinéma vérité » longuet et peu inspiré, difficile de ne pas être déçu.