Depuis le temps qu'Oliver Stone rêvait de faire son film sur Alexandre le Grand, on ne peut qu'être surpris par le vide qui le caractérise au final.
Pourtant, Stone nous avait montré avec "JFK", "Nixon" et "Platoon", que la guerre et le pouvoir étaient deux thèmes qui le faisaient exceller.
On était donc en droit d'attendre de cet "Alexandre" qu'il sache être au minimum une œuvre virulente qui colle à notre actualité, voire éventuellement - soyons fou - à la réalité historique...
Mais non, rien de tout ça.
"Alexandre", dans les mains d'Oliver Stone ça donne quoi ?
Eh bah ça donne un film long. (Très long. Beaucoup trop long !)
Un film plat.
Un film chiant.
Alexandre ici n'est qu'un homme (pour ne pas dire un gamin) pétri de pulsions , joué par un Colin Farrell teint en blond à mille lieues du personnage.
Pas de projet politique. Pas de vision.
Ciao le "royaume universel" et les luttes autour de modèles sociaux entre Alexandre et ses nobles.
Pourtant l'un n'empêchait pas l'autre.
Au contraire, il aurait été des plus intéressants que de voir se confronter cet Alexandre de pulsions et cet Alexandre de raison...
...Mais visiblement cet Alexandre chez Stone appartient à un autre monde.
Oliver Stone n'est pas venu ici pour ouvrir des bouquins d'Histoire avec ce film...
...A se demander même s'il est venu pour faire du cinéma.
Parce que même en tant qu’œuvre de cinéma ce film a quand même du mal à exister.
D'un côté on a des acteurs mal choisis qui récitent des lignes d'une platitude abyssale.
Je parlais de Colin Farrell tout à l'heure mais prenons aussi la peine d'évoquer Angelina Jolie qui joue le rôle de la mère du célèbre Macédonien tout en n'ayant qu'un an de plus que l'acteur irlandais.
Parlons de ce choix très gay-friendly de Jared Leto et de Jonathan Rhys-Meyers pour jouer respectivement Héphaestion et Cassandre.
Parlons d'ailleurs aussi du fait que les trois-quarts du casting vienne d'Irlande.
Parlons de Rosario Dawson qui - bien qu'elle soit sublime à regarder - ne colle pas trop à l'idée qu'on pourrait se faire de Roxane.
Tout ça, mis bout à bout, à un petit côté Alexanderland vu par Mickey. Et franchement ça ne fait pas très sérieux.
Au fond, dans le lot, seuls Val Kilmer, Christopher Plummer et Anthony Hopkins parviennent à surnager mais - manque de pot - sitôt le premier tiers de film passé, on ne les voit plus à l'écran.
Et puis à côté de ces acteurs et de ces dialogues faméliques on a donc cette mise en scène qui patauge en permanence pour se trouver une identité ou un parti pris.
On navigue entre le Wolgang Petersen et le Kenneth Branagh, avec parfois quelques saillies formelles qui peuvent se montrer séduisantes - je pense notamment aux Gaugamèles filmées à la sauce Ridley Scott ou bien encore à la blessure "fatale" d'Alexandre filmée à la Zhang Yimou - mais ces quelques rares bons moments ne font que ressortir davantage le côté totalement décousu de l'ensemble.
A emprunter à tout le monde et dans tous les coins, Stone ne fait que démontrer à quel point il est totalement dépassé par un projet trop grand pour lui.
Ainsi de mon espoir de voir une grande épopée sur l'un des évènements historiques les plus cinégéniques, il n'en est resté au final que des cendres...
...Les cendres d'un terrible et mortel ennui.
Quel gâchis...