Je pensais qu'il s'agissait là d'une comédie plus traditionnelle, plus classique, par le fait que Caine a refusé le rôle titre de "The Hill" de Lumet pour ce "Alfie" dont ilé tiat sûr que le rôle lui permettrait de devenir une star. C'était quand même casse gueule, parler d'abortion, interprêter une telle ordure aussi, obnubilé par son propre plaisir personnel uniquement, humiliant les femmes le plus souvent possible. Mais peut-être qu'à l'époque, les projets audacieux étaient plus rentables ?
En tous cas "Alfie" est une réussite. Pas un chef d'oeuvre. Le scénario souffre de quelques coups de mou du fait qu'il n'y a pas d'objectif, on ne sait pas vraiment où l'on va ; les aventures de Alfie forment un tout un peu décousu, comme s'il s'agissait d'épisodes d'une série collés les uns aux autre. En contre-partie, le personnage est approfondi comme rarement et exploité avec jusqu'au-boutisme, ce qui laisse place à des scènes parfois fort sordides.
Côté thématiques, c'est assez fort car traîté avec radicalisme. Le héros est un salaud, mais pas seulement. Et les femmes peuvent s'avérer être des garces aussi. Le propos est finalement très pessimiste, de quoi déprimer à la fin du film ; en même temps il en résulte une certaine comédie, car le spectateur assiste à tout cela tel un voyeur... on n'est pas loin des mesquineries puériles de la télé-réalité. C'est vrai que l'aspect comique vient de la pure méchanceté du héros. D'ailleurs, avec un jeu et un ton différents, on aurait facilement pu tomber dans un drame sordide.
La mise en scène fonctionne assez bien. Briser le 4ème mur est vraiment audacieux et fonctionne très bien (mieux que dans "Ferris Bueller's day off") ; la caméra est assez discrète, au service de l'histoire, les mouvements passent donc inaperçus. Puis les acteurs sont tous immenses. Caine impitoyable !
Bref, un film plutôt étrange, amusant et triste en même temps. J'ai passé un bon moment.
PS : j'ai vu la webserie "Relationship" il n'y a pas si longtemps ; je me dis que l'auteur aurait peut-être dû repomper un peu plus sur ce film-ci plutôt que sur "500 days of summer", là ça aurait été un peu plus audacieux et un peu moins cucul...