C'est un week-end tranquille, en famille, qui s'annonce sur une petite île inhabitée et qu'importe si le confort n'est pas au rendez-vous. Ce calme apparent n'est évidemment qu'un leurre qui ne durera pas, ne serait-ce qu'à cause du titre du film, Algunas bestias, qui laisse à penser que des animaux voraces se cachent dans les parages. Mais ces "quelques bêtes" ne sont évidemment pas de cet acabit, car il s'agit de démons intérieurs que dévoile ce film chilien. Jorge Riquelme Serrano, le réalisateur, impressionne par la maîtrise de son cadre, dans ce huis-clos qui se partage entre une forêt, les rives de l'océan et une maison d'hôte où les conflits menacent d'éclater et les drames de se dénouer. La musique d'Algunas bestias est d'ailleurs celle d'un film d'horreur, oppressant où, outre les combats entre générations et les clivages sociaux, un drame sordide menace de montrer le bout de son nez, chose hélas avérée dans une scène repoussante et terrible, par ce qu'elle recèle de violence. Le film va jusqu'au bout de son propos, dans la lignée des nombreux longs-métrages latino-américains qui prennent pour cible cette "élite" bourgeoise, cynique et arrogante. Le scénario manque cependant peut-être un peu d'étoffe et de recul, c'est à peu près tout ce qu'on peut lui reprocher. En revanche, l'interprétation est impeccable, dominée par les comédiens aguerris que sont Paulina García et Alfredo Castro, ce dernier, en particulier, sobre dans un rôle de monstre, lui que l'on verra bientôt encore plus génial dans un registre tout autre, avec l'excellent Je tremble ô matador.