Alice est un film très particulier.
Déjà, ce n'est pas réellement une adaptation de Alice au Pays des Merveilles mais plus un film expérimental qu'autre chose. En effet, loin d'être dans un univers avec des personnages loufoques et des animaux anthropomorphes, ce film nous montre une histoire se déroulant dans une chambre délabrée avec une enfant humaine se déplaçant de pièce en pièce tout en observant des personnages en papiers découpés.
En effet, ce film combine prises de vues réelles et animation stop-motion. Loin d'être lisse, l'animation en question est volontairement saccadée et malaisante. À l'exception de Kristýna Kohoutová à la fois en Alice et narratrice, Alice est pratiquement muet. Nous voici face à une oeuvre nous donnant l'impression de voir une enfant s'amuser avec des jouets ou encore des personnages créés avec du papier ou encore des vêtements découpés d'une grande fragilité.
De plus, lorsqu'elle rétrécit, Alice se transforme également en poupée fusionnant ainsi métaphoriquement avec le monde dont elle rêve.
Le malaise général est renforcé par le fait que les jouets ne sont pas jolis mais terrifiants et que le film ne contient aucune musique.
(sauf durant le générique de fin)
Résultat, cette ambiance glauque surréaliste semble, ironiquement, réaliste et est à la fois fascinante et terrorisante.
Ainsi, on se retrouve à la fois avec une oeuvre fidèle à l'oeuvre de Lewis Carroll tout en se démarquant de lui en faisant un Pays des Merveilles pas tellement merveilleux nous inquiétant et nous donnons envie de le quitter. Impossible pour nous de comprendre l'imagination de cette enfant ne semblant pas mal-à-l'aise de voir ces personnages étranges et repoussants ainsi que des substituts de nourriture pour poupées semblant bien peu alléchantes.
Ainsi, Alice n'aurait rien à envier à Un Chien Andalou vu que son style abstrait semble, par moments, proche de ce dernier dans son envie de mettre mal-à-l'aise.
Mais, malgré toutes ses qualités, Alice a des défauts.
En effet, si on ne connaît pas l'oeuvre de Carroll avant de voir ce film, on ne comprends rien à ce qui se passe tant ce film veut plus nous faire observer des images que de nous raconter une histoire.
De plus, la scène du thé est interminable: ce qui fait qu'elle devient lassante au point qu'on se demande quand est-ce le récit va continuer.
Et, surtout, Alice a un style TRÈS particulier ne pouvant pas plaire à tout le monde car il s'adresse davantage à des cinéphiles avertis qu'à des spectateurs ayant du mal à sortir de leurs zones de confort. Résultat, Alice peut rapidement ennuyer les gens n'étant pas habitués aux films abstraits comme cette adaptation déstabilisante de l'oeuvre de Carroll.
Bref, c'est un film avec un style particulier pouvant aussi bien plaire que déplaire.