Alice ça glisse sur une mauvaise pente
Tim, Tim, Tim...
Tu n'es plus que l'ombre de toi-même.
Pire, tu te plagies, sans grand talent, et nous offres un spectacle à peine digne.
Non ne cherchez pas, cette phrase est finie.
Il n'est même plus question d'être digne DE quelque chose, mais simplement de dignité tout court.
Pourtant, l'idée de départ avait beaucoup d'attrait !
Suivre, des années plus tard, le retour d'Alice au pays des merveilles.
Une oeuvre incontournable, déjà adaptée par Disney avec la mièvrerie attendue mais dans un film d'animation somme toute agréable.
Et là...
Eh bien, je me suis ennuyé, disons-le.
Y'a des couleurs flashy, mais pas vraiment "l'univers" que tu sais créer dans certains de tes films.
Y'a de bons acteurs, mais c'est tellement les mêmes et vous vous connaissez tellement par coeur que d'une part on n'est plus blasés que surpris, d'autre part on ne les sent pas vraiment au mieux de leur forme.
De la lassitude peut-être aussi pour eux ?
Tout le monde est un peu en roue libre.
C'est un Burton, c'est une héroïne connue, ce sont des acteurs reconnus, ça marchera assez bien et voilà on produit.
On connaît la fin environ 2 minutes après le début.
On enchaîne caricature sur caricature, cliché sur cliché, le tout tracté par des ficelles tellement fines qu'elles pourraient sans doute soutenir l'égo de Benjamin Biolay sans s'effilocher (c'est dire).
En voulant faire dans l'outrancier assumé, on s'embourbe dans le lourdingue.
Même l'auto-parodie a ses limites, et peut être conduite avec subtilité.
On ne peut pas rater les clins d'oeil à tes chefs-d'oeuvres passés, mais on les relève sans beaucoup d'entrain.
On ne peut pas penser que le jeu d'acteur est mauvais pour expliquer le côté horripilant des personnages principaux (la reine de coeur, la reine blanche, Alice, le chapelier).
Chacun pousse au paroxysme le décalage et la folie de ce qu'il incarne, au point qu'on n'accroche pas.
Le tout est habillé d'une espèce de teinte heroic fantasy, dans le mauvais sens du terme.
Un côté mythologique, de l'épique mais tout cela est encore une fois tellement grossier et prévisible qu'on n'y prend honnêtement pas plaisir.
La trame "aventure" est du niveau de Donjons & Dragons...
Bref, si c'était le premier galop d'un jeune réalisateur nommé Tim Burton, cela pourrait être un bon film.
Mais, avec une filmographie comme la tienne, non, c'est une faute de goût et rien d'autre.
La note pourra paraître généreuse au vu de la critique assassine mais cela reste Tim Burton.
Ce qui transparaît ici est la profonde déception que j'ai ressenti (et qui était anticipée), mais cela reste un film correct (sans plus, vraiment), et cela reste Tim Burton.
Mais depuis Charlie, je peine à le reconnaître, ou plutôt je ne le reconnais que trop bien, et ça commence à être un peu agaçant.