Ceux qui me suivent savent que, depuis un certain temps, quand je parle des Disney anciens, j'essaie de parler de leurs doublages français originaux (ou doublages VHSs indisponibles en DVDs/Blu-ray) quand ils sont disponibles.

Malheureusement, celui de Alice au Pays des Merveilles n'a jamais été retrouvé (tout comme ceux de Cendrillon et Bambi). C'est pourquoi dans cette critique, je parle uniquement du deuxième doublage étant le seul disponible.

Je vous fais toutes mes excuses.

Sur ce, bonne lecture (j'espère).

Alice au pays des merveilles ou encore un film plus célèbre pour avoir été dérivé en attraction/parcours dans les Parcs Disneyland que pour le film lui-même

https://www.youtube.com/watch?v=wWKq2XwijUo&t=585s

https://www.youtube.com/watch?v=BgKr107Yf7M

La plupart d'entre nous sommes d'accord pour dire que nombreux sont les Grands Classiques Disney du Premier Âge d'Or et de l'Âge d'Argent n'ont pas passés l'épreuve du temps.

Pourtant, un de leurs films prouve qu'il existe une exception à la règle.

Mais avant toute chose: commençons par le commencement.

Alice a vraiment existé. Elle s'appelait Alice Liddell et était l'élève du précepteur Charles Dodgson. La famille Lidell avait beaucoup d'affection pour ce professeur de mathématiques respectable transmettant aux enfants les bienfaits de la logistique.

Qui aurait pu croire que derrière ce masque se cachait Lewis Carroll: un auteur fantaisiste et imaginatif adorant partager son goût de l'imagination et du rêve aux enfants en leur racontant des histoires. Plus particulièrement à Alice pour qui il faisait un certain favoritisme.

En effet, c'était avec elle qu'il passait le plus de temps et l'invitait à faire des jeux. Comme par exemple la prendre en photo après l'avoir déguisée en mendiante.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f8/Alicebeggar.png

À ce jour, on ne sait pas si l'Alice fictive est bel et bien inspirée de l'Alice réelle.

_ni si Lewis Carroll était tombé amoureux de la petite fille au début de son adolescence. Gardez vos idées perverses pour vous, bande de gros dég*eulasse!_

Tout ce qu'on sait, c'est que Lewis Carroll lui a dédié le tome Les aventures d'Alice dans lequel on retrouve les romans Alice au pays des merveilles et De l'autre côté du miroir à Alice Lidell.

(pour ceux qui s'intéresseraient à l'Alice réelle, je vous laisse ce lien ici

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alice_Liddell)

Maintenant, parlons du film lui-même.

Alice au pays des merveilles est une sorte de continuité spirituelle des courts-métrages Alice Comedies ayant été réalisé chez Disney plusieurs années auparavant où une actrice enfant en chair et en os traversait un monde d'animation avec des animaux anthropomorphes. Courts-métrages n'ayant rien à voir avec les oeuvres de Lewis Carroll.

Or, le Grand Classique se veut être une véritable adaptation de l'oeuvre de l'auteur. Cela au point que même si le film a pour titre Alice au pays des merveilles, on y retrouve également des passages du deuxième roman De l'autre côté du miroir.

La première chose rendant ce film original par rapport à ses prédécesseurs, c'est qu'il ne raconte pas réellement une histoire. De plus, loin des PackagesMovies précédents qui n'étaient que des suites de mini-récits sans liens entre elles et dont les personnages ne se rencontraient jamais, Alice au pays des merveilles se base sur la structure en trois actes.

Mais, très inédit à l'époque, l'histoire se base sur l'anti-voyage initiatique.

En effet, plutôt que de nous faire vivre une intrigue avec un protagoniste devant apprendre une morale à travers les différents personnages que l'héroïne croise, Alice au pays des merveilles nous parle d'une suite de rencontres sans fil rouge entre les habitants pas nets dudit pays et du personnage. Le tout dans des décors faisant fortement penser à l'expressionnisme allemand

https://media.senscritique.com/media/000007882508/0/alice_au_pays_des_merveilles.jpg

https://devenir-realisateur.com/wp-content/uploads/2020/07/cabinet-du-dr-caligari-robert-wiene-730x391.jpg

Ainsi, le film se veut avant tout contemplatif comme une oeuvre d'art à la façon d'une visite dans un musée. On ne peut également s'empêcher de penser à un parcours de LandArt vu que de nombreuses scènes se passent "à l'extérieur".

De plus, contrairement à ce qu'on aurait pu imaginer de la part de Disney habitué aux couleurs lumineuses, beaucoup de scènes se déroulent dans des décors sombres. Ce qui renforce la peur de l'inconnu du spectateur.

Mais assez parlé des visuels et passons maintenant au contenu du film.

Tout le casting du second doublage peut se vanter d'avoir interprété des personnages hauts en couleurs.

Rien qu'Alice, doublée par Séverine Morisot (Kathryn Beaumon en VO qui fit également Wendy dans Peter Pan par la suite), est l'une des meilleurs héroïnes Disney existantes. Loin d'être déstabilisée par toutes les folies qu'elle voit, elle participe à chaque péripétie s'offrant à elle.

Comme par exemple "Je suis en train de faire une chute dans un trou sans fond? Et si je lisais un livre?"

Elle arrive même à déstabiliser, parfois, les personnages censés la déstabiliser car, pour elle, tout ce qui lui arrive n'est qu'un jeu son caractère anti-autorité la poussant à ne pas prendre les situations au sérieux.

De plus, petit à petit, elle est plus agacée qu'effrayée par les personnages qu'elle rencontre au cours du film.

Seule la Reine de Coeur la terrifie (on y reviendra plus bas)

En plus, contrairement à beaucoup de films voulant faire passer une morale, Alice au pays des merveilles rient au nez des morales avec des figures d'adultes tentant de faire à Alice des leçons de bonnes manières et de politesses mais étant ridicules.

On peut par exemple citer le culte duo du film, le Chapelier toqué (doublé par Jacques Ciron) et

le Lièvre de mars (doublé par Claude Rollet) dont la chanson de non-anniversaire est hilarante.

Sans compter le personnage du Dodo (doublé par Jean-Henri Chambois) semblant être un personnage poli et calme étant en réalité complètement cinglé.

Mais les meilleurs sont, sans aucun doute, Tweedle Dee et Tweedle Dum (doublés par Albert Augier et Jacques Balutin). Leur mimique est juste excellente ressemblant à celle d'artistes de scène, ce qui les rends très divertissant.

Le Lapin Blanc (doublé par Guy Piérauld, un habitué des lapins) est drôle bien comme il faut.

Cependant, le personnage vraiment mémorable est le Chat de Chester (doublé par le regretté Roger Carel). À la fois hilarant et terrifiant, on ne sait jamais s'il peut être aidant ou dangereux.

En parlant de danger, parlons ENFIN de la Reine de Coeur. Cette horrible personne, magistralement doublée par Paule Emanuele, est une méchante mémorable. Elle adore se croire au-dessus des autres, elle adore faire couper des têtes juste pour prouver montrer sa position de pouvoir et écraser ceux qui lui sont "inférieurs". Mais ce qui la rend réellement menaçante est qu'elle peut passer de dame d'apparence polie et calme à criarde hurlant comme une petite fille croyant que tout lui est du. Cela aurait put être drôle si la Reine de Coeur n'étant pas un tyran abusant de son pouvoir pour faire des décapitations à chaque contrariété. De plus, pour la rendre encore plus dangereuse, le film n'hésite à nous préciser que des personnages vont se faire décapiter hors-champ.

De plus, son mari (doublé par Teddy Billis), un homme encore plus petit qu'un nain de Blanche-Neige et les sept nains se fait victimiser et éclipser par cette femme dangereusement imposante de façon hilarante.

Mais Alice au pays des merveilles est-il un film parfait malgré ses qualités évidentes? Non car aucune oeuvre n'est sans défaut.

Le problème principal est le suivant: c'est bien trop long pour ce que c'est. En effet, le film n'aurait pas dû dépasser l'heure car passer d'une péripétie à une autre dans un film allant au-delà d'une heure finit par devenir lassant.

De plus, la scène des fleurs est ennuyeuse et inutilement mesquine.

Ajoutons à cela le fait que le nom de l'auteur du livre Alice au pays des merveilles n'est pas orthographié correctement au générique et vous pensez "Pfeuh! Amateurs!".

Mais le plus gros défaut est le suivant: il y a BEAUCOUP TROP de chansons.

À tous ceux qui disent que La Reine des Neiges contient trop de chansons, sachez que la BO de Alice au pays des merveilles contient DOUZE chansons. Pas sept, pas huit, pas dix, pas onze, DOUZE!

On sent qu'Olivier Wallace, Bob Hilliard, Sammy Fain, Don Raye, Gene de Paul, Mack David, Al Hoffman, Jerry Livingston et Ted Sears voulaient, avant tout, montrer leurs talents de musiciens et compositeurs, ce qui fait qu'ils ont fait un surplus de chansons n'allant pas forcément avec l'ambiance du film. On peut, par exemple, penser à Un matin de mai fleuri dont l'écoute n'est pas agréable et fait soupirer.

Bref, tout ça pour dire que, malgré quelques défauts, Alice au pays des merveilles est, sans le moindre doute, le meilleur Disney du passé ayant passé l'épreuve du temps et est toujours aussi plaisant à voir aujourd'hui

BlackBoomerang

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