Dès ses courts-métrages, Nicolas Pariser s'est caractérisé par son intérêt pour la chose politique, inclination finalement assez rare parmi les réalisateurs français, à la notable exception de Pierre Schoeller. Alice et le maire n'a cependant que peu à voir avec L'exercice de l'Etat du dernier cité et encore moins avec son premier et excellent long-métrage, Le grand jeu. Il est bien question de la pratique du pouvoir dans Alice et le maire mais le sujet est surtout celui de la relation entre un vieil édile fatigué et en panne d'idées qui se régénère au contact d'une jeune femme plutôt versée dans la philosophie. L'idée que nos élus auraient bien besoin de collaborateurs novateurs et recrutés hors du sérail nourrit le film mais Pariser a un peu de mal à le mettre en images. Il semble qu'au départ du projet, Alice et le maire ne contenait que des échanges entre ses deux personnages principaux mais il a fallu se résoudre à enrichir et à habiller le scénario de façon à ne pas le limiter à un dialogue ininterrompu de ce duo incongru. Seulement voilà, ce sont précisément ces échanges entre Alice et le maire qui captivent, le reste semblant bien pâle en comparaison, faute d'approfondissement, que cela soit autour du personnel de la municipalité ou de la vie privée de la jeune femme, certaines autres pistes narratives restant par ailleurs en jachère. Si Fabrice Luchini n'a pas à forcer son talent pour être crédible, c'est bien Anaïs Demoustier qui impressionne, une fois encore, par la finesse de son jeu. En revanche, la mise en scène de Nicolas Pariser est très décevante, purement fonctionnelle et sans aucune prise de risque. On attendait beaucoup mieux du réalisateur du Grand jeu même si ce deuxième film n'a rien d'indigne.