Réhabilitée depuis maintenant plusieurs années, Alice Guy avait déjà fait l'objet d' (au moins) un documentaire plutôt réussi malgré des choix formels pouvant déboussoler. Ici, la narration est plus classique mais aussi plus aboutie, structurée, certes linéaire tout en restant le plus exhaustive possible au vu du format. Évoquant inévitablement les mêmes aspects de sa vie, ce nouveau regard n'apporte rien d'exclusif, tout en se révélant une bonne piqûre de rappel pour se rendre compte de l'importance de cette femme presque exclusivement vouée à son art, ambitieuse et créative, ayant pleinement participé aux débuts du cinéma avant d'être effacée des dictionnaires pour être née sous le mauvais sexe.
Bonne idée également de ponctuer le documentaire d'un entretien réalisé à la fin de sa vie, où l'on voit à quel point la pionnière n'a rien perdu de sa combativité, qui n'aboutira malheureusement pas aux « retrouvailles » de ses films disparus. Avec, en prime, quelques jolies touches formelles à travers des images animées ponctuant régulièrement le récit. Archives souvent convaincantes, notamment les extraits des courts-métrages, semblant bien représenter ce qu'était l'œuvre d'Alice Guy. En une toute petite heure, l'essentiel semble ainsi dit sans minimiser son influence, et c'est sans doute la première réussite de cette œuvre convaincante.