Autofiction sur les tribulations de Arlo Guthrie, apprenti chanteur folk en pleine "révolution hippie". Ce patchwork mêlant la conscription, l'université, un père célèbre en phase terminale et les entrelacs de la quête de notoriété permet à Arthur Penn, avec légèreté et un goût de la digression jouissif, de nous partager avec tendresse une époque.
Cette époque composée d'Alice et Ray Brock, couple débonnaire en conflit avec les aléas de l'entrepreneuriat, leur restaurant, les fêtes organisées dans une chapelle désacralisée à Stockbridge où ils ont élu domicile. Métaphore à peine voilée d'une Amérique en plein conflit avec ses utopies et dont le crépuscule s'amorce avec Shelly, l'héroïnomane en processus de rémission joué par l'inconnu mais talentueux Michael McClanathan.
Une œuvre digressive mais jamais ennuyeuse grâce à ce scénario maniant habilement l'intrigue intérieure. Les problématiques des personnages sont suffisamment solides pour qu'ils soient passionnants à suivre sans faire appel à une intrigue externe ou principale comme le font la plupart des films.
Des scènes de l'enterrement au remariage baroque, la narration pousse jusqu'à l'épuisement l'élégie comme rarement vu et ce long plan final de Alice sur les marches de l'église, joué par Patricia Quinn, imprime dans la durée ce paradis perdu mais aussi toute la mélancolie d'une génération qui ne peut que perdurer dans la mémoire.