Cette note de 7/10 concerne la version courte d'Alien 3. Toutefois, c'est la version longue, connue sous le nom d'Assembly Cut, qui révèle toute la profondeur du film. Il s'agit de la copie de travail que David Fincher avait initialement soumise à la Fox, restaurée plus tard pour une sortie DVD. Cette version mérite une note supérieure, atteignant un solide 8/10.


L'ajout de 30 minutes supplémentaires redonne au film une structure narrative plus solide. Ces scènes réintégrées permettent de mieux comprendre certaines dynamiques, en particulier celle du personnage de Golic, un interné dérangé, qui capture puis relâche le xénomorphe. Ce développement offre une nouvelle dimension au récit, tout en renforçant l'ambiance unique du film. La version longue ne se contente pas d'ajouter des scènes, elle rehausse aussi l'atmosphère pesante et désespérée qui imprègne chaque recoin de cette prison désaffectée.


L'esthétique d'Alien 3 mélange des ambiances industrielles et presque monastiques. On se retrouve dans une prison désaffectée, un lieu rouillé, délabré, presque "abandonné de Dieu". Cette atmosphère de désolation sied parfaitement à l'histoire de ces anciens détenus, accusés pour certains des pires crimes, qui ont choisi de rester là pour vivre comme des moines. Fincher, avec son souci du détail visuel, transforme cette station en un monastère industriel, un lieu de rédemption et de pénitence, où l'épreuve ultime vient sous la forme du xénomorphe. Cette créature devient une sorte de châtiment divin punissant les personnages pour leurs péchés passés.


Par ailleurs, la version longue permet de mieux explorer la psychologie des personnages. Ripley, cœur émotionnel du film, révèle une facette plus vulnérable, notamment à travers sa relation avec le Dr. Clemens. C'est la première fois que l'on perçoit en elle un désir pour un autre homme (passé un début d'idylle très chaste avec Hicks dans Aliens), une dimension humaine rarement explorée dans la saga. Clemens lui-même est un personnage fascinant, cherchant à expier une faute passée. Sa quête de rédemption trouve un écho chez Dillon, ancien détenu devenu leader spirituel, qui canalise la ferveur religieuse des prisonniers pour maintenir un semblant de contrôle sur leurs démons intérieurs. Chacun de ces personnages participe à l'allégorie religieuse qui traverse le film, soulignant l'idée d'une épreuve ultime que seul le sacrifice peut résoudre.

Le thème du sacrifice, central à la fin du film, est particulièrement bien traité dans cette version. Les précieuses secondes supplémentaires ajoutées à la scène de la mort de Ripley renforcent la gravité de son choix. Elle devient une figure quasi-religieuse, acceptant son destin pour sauver les autres, tout en inscrivant son acte dans l'analogie religieuse omniprésente du film. Cette dimension mystique, clairement une empreinte de Fincher, confère à cette conclusion une puissance symbolique qui transcende le simple récit de science-fiction.


Visionner cette version confirme ce que l'on pouvait déjà deviner : dès son premier long métrage, David Fincher impose son style visuel unique et ses thèmes de prédilection, tels que le mysticisme religieux. Et ce, tout en succédant à un géant comme James Cameron qui avait, malgré les qualités de son opus, normalisé la franchise vers quelque chose de plus consensuel ! Malgré les embûches rencontrées lors de la production d'Alien 3, Fincher évite les raccourcis faciles et livre un opus qui renoue avec une forme de subversion présence dès le premier opus.

Un film qui se bonifie avec le temps !

Créée

le 25 janv. 2011

Modifiée

le 18 août 2024

Critique lue 3.7K fois

25 j'aime

11 commentaires

MajorTom

Écrit par

Critique lue 3.7K fois

25
11

D'autres avis sur Alien³

Alien³
Torpenn
3

Affreux, sale et même chiant

Scandaleusement surnoté par moi jusqu'à aujourd'hui à cause de l'incroyable inutilité de cet opus qui m'a fait oublier tout ce qui se passait entre la première et la dernière scène, le premier film...

le 16 sept. 2012

67 j'aime

51

Alien³
DjeeVanCleef
3

Fait chier, Fincher.

Avant de vomir ce film, loue avec moi le Seigneur, car pensant regarder une version de travail de deux heures et trente cinq minutes, grâce soit rendue au Tout-Puissant, je me retrouve face à deux...

le 2 sept. 2013

59 j'aime

24

Alien³
socrate
6

Let the circle be unbroken : au menu de l'alien cette fois-ci, de la fine chère !

Comme dans le film de Ridley Scott, on a des décors assez glauques, une sensation d'enfermement liée à la particularité du pénitencier qui est un peu comme un vaisseau, et qui présente également une...

le 7 juin 2012

53 j'aime

12

Du même critique

Alien - Le 8ème Passager
MajorTom
10

"Perfect organism"

Entre la fin des années 1970 et le début des années 1980, le cinéma américain est arrivé à un point où la technologie est en capacité de donner vie aux récits ambitieux des auteurs de science-fiction...

le 8 nov. 2011

30 j'aime

2

La Femme Scorpion
MajorTom
8

Critique de La Femme Scorpion par MajorTom

Icône de la pop culture japonaise qui trouve ses origines dans un manga culte, La Femme Scorpion a gagné, au fil des ans, la réputation d'un film déviant, digne représentant du cinéma bis des années...

le 4 janv. 2011

29 j'aime

2

Vendredi 13
MajorTom
4

Critique de Vendredi 13 par MajorTom

Soyons honnête : face à Halloween ou aux Griffes de la nuit, Vendredi 13 a toujours été le parent pauvre. A l'inverse de John Carpenter (Assaut, The Thing, Christine...) et Wes Craven (La Dernière...

le 23 févr. 2011

28 j'aime