En 1979, sortait Alien de Ridley Scott, chef-d'oeuvre couplant avec brio horreur et SF. Une bête d'origine extraterrestre créait l'effroi dans un vaisseau. En 1986, James Cameron débarqua avec ses gros souliers et démolit tout à coup de gros guns pour faire d'Alien, le Retour, un simple film d'action.
Et c'est en 1992 que nous voyons Fincher venir à la rescousse avec Alien 3. Ce jeune cinéaste qui réalisera plus tard Seven et Fight Club notamment, balaie le travail de Cameron pour revenir aux sources, à l'esprit de 1979. Cameron avait créé des personnages ? Fincher nous les présente morts au début du film. Cameron avait dupliqué l'Alien en parsemant le film de hordes de bêbêtes assoiffées de sang ? Fincher revient à une bête unique qui agit dans l'ombre, qui nous perd dans des couloirs labyrinthiques, et permet un véritable suspense. C'était d'ailleurs ridicule de voir qu'après la presque invincibilité de l'Alien de 1979, Cameron en faisait mourir des nuées par les armes. Fincher revient aussi à cet Alien presque invincible, qu'il sera vraiment difficile d'abattre (d'autant plus que le pénitencier où se situe l'action ne possède étrangement pas d'armes).
Fincher met dans le mille, il répare les erreurs de Cameron, sans pour autant faire d'Alien 3 un film totalement incohérent face à son prédécesseur. Cameron nous présentait un film à grand spectacle, un divertissement qui ne vient jamais perturber la zone de confort du spectateur. C'est tout ce qu'Alien 3 n'est pas, fort heureusement.
Aliens 3 est d'un nihilisme fou. Plus de héros badass qui fait preuve d'excès de bravoure. Non, la plupart des personnages sont des détenus ayant commis des crimes abominables, pas forcément gentils ou méchants. Un seul personnage vient à se sacrifier pour Ripley, mais il s'avère que cette tranche d'héroïsme est vaine, tout comme les rapports humains qui s'installent pour être directement anéantis par le scénario. Alien 3 ne fait pas l'apologie des grands héros, non, la vision est beaucoup plus froide. On fait avec les moyens du bord, on essaie de sauver sa peau, tout simplement. Et le plus tragique, c'est que l'on tombera face à une impasse qui mènera à l'autodestruction de Ripley. Pas de happy end, tout est sombre et froid.
Niveau esthétique, Fincher renoue avec Ridley Scott. Les décors sont sombres, un peu glauques et complètement baroques. Un beau travail. Un très très bon point.
Le gros défaut reste cependant les effets spéciaux inégaux. Parfois splendides, parfois totalement dégueulasses (certaines images de l'Alien qui puent l'image de synthèse windows 95), c'est un peu l'effet Dune de Lynch, en moins poussé. La compréhension de certaines scènes laisse parfois aussi à désirer (il est laborieux par exemple de comprendre certains plans pensés par les personnages).
Un bon film en somme malgré quelques défauts. Un retour aux sources mais avec, malgré tout, une petite touche Fincher, ce petit quelque chose que l'on retrouvera dans ses films suivants.
Cameron dit avoir été déçu par ce film. J'ai envie de lui dire : "dans ton c..." (pour finir sur une note poétique)
PS : J'ai quand même bien aimé le film de Cameron, en tant que divertissement, en le considérant pour lui-même uniquement, mais quelle déception tout de même (je me répète) quand on le compare avec celui de Ridley Scott.