Alien proposait un film d'horreur-SF intemporel et Aliens changeait radicalement de voie en offrant un actionner bourrin dans la droite lignée des années 80, les producteurs de la Fox ne savait donc pas trop vers quelle direction aller avec le troisième chapitre de la saga et de scripts director en scripts director, le tout ressemblait à un énorme bordel. C'est dans ce chaos généralisé que le tout jeune David Fincher fut choisi pour prendre la barre d'un bateau ivre proche de l'iceberg du Titanic. David Fincher fit ce qu'il pouvait pour imposer sa vision artistique à Alien 3 mais les producteurs firent tout leur possible pour saboter son œuvre et la mort dès le début du film de Bishop, Newt et Hicks ainsi que le ton nihiliste du film symbolisée par le sacrifice ultime de Ripley le transformèrent en chemin de croix. Puis Fincher devint une énorme star avec Seven et les producteurs tentèrent donc de réhabiliter son œuvre au travers d'un nouveau montage. Renié par Fincher himself, conspué par une grande partie des fans des deux premiers opus, Alien 3 est considéré comme un film maudit mais est-il aussi mauvais que ce qu'on veut nous faire croire ? J'ai toujours considéré cet épisode comme l'équivalent du voyage de Dante pour Ellen Ripley : Une planète prison, des prisonniers inhumains, une Ripley chauve et un Alien plus démoniaque que jamais. La mort plane tout le long du film, dès le début des personnages importants sont tués, les criminels qui entourent Ripley font peser une menace permanente et la prison elle-même prend des airs de bouche des enfers avec une fonderie à proximité. La mise en scène renforce cette noirceur avec ces décors suintants et une caméra virevoltante qui n'hésite jamais à déstabiliser le spectateur, à brouiller ses repères et à transformer la prison en labyrinthe infernal. La fin crépusculaire n'a pas été appréciée mais elle conclue pour ma part magistralement la trilogie par le sacrifice inéluctable de Ripley, la seule issue pour elle de se libérer de l'Alien et s'extraire de son enfer intime. Pour conclure, j'ai su aimer le parcours final teinté de mysticisme d'Ellen Ripley et même si le film de David Fincher a été accouché dans la douleur, il s'en dégage une atmosphère nihiliste unique qui lui donne toute sa place dans la saga.