Dans les confins glaciaux et silencieux de l'espace, l'humanité a atteint un sommet technologique. Les étoiles, les planètes, tout semble être à portée de main, tout, sauf la certitude. Dans ce monde de machines et d'automatisation, l'humanité est devenue un pion, programmée pour obéir, pour maximiser les profits, ou simplement pour éviter le mécontentement de "Mother". L'intelligence humaine a été artificialisée et c'est elle qui est au commande de tout ce qui entoure nos voyageurs humains et surtout les maintien en vie dans le vide intersidéral. Ces personnages sont des enfants adultes, somnolant dans une routine sans fin, obéissants pour avoir de la nourriture et de l'argent de poche, jusqu'à ce que l'horreur frappe sous la forme d'un monstre à tête de bite qui coule.
Les limites de l'Espace
"Alien", dirigé par Ridley Scott, est une plongée vertigineuse dans les profondeurs de l'inconnu, une exploration de la terreur qui surgit lorsque l'organique et le technologique se heurtent de manière cauchemardesque. Le film enchaine les variations sur le thème de la transgression des frontières, qu'elles soient entre :
- le familier et l'étranger
- le bien et le mal
- l'humain et le non-humain
- l'intérieur et l'extérieur
- la gestation et la naissance
- L'autorisé et l'interdit
Les personnages d'Alien sont amenés à apprendre la désobéissance envers Mother pour survivre à la froideur prédatrice de l'organisme étranger et a la froideur castratrice de leur mère IA (la firme).
L'esthétique visuelle de "Alien" est un élément à part entière de son récit. H.R. Giger, avec ses créations à la fois érotiques et cauchemardesques, imprègne chaque cadre du film et finit de parfaire cette idée qui vit à l'écran : la symbiose du mécanique et de l'organique, tout cela évoque une terreur primale, celle qui découle de la violation des frontières naturelles. Et nous vivons alors ce que ressentent les personnages : dans un milieu maîtrisé et aseptisé par la technologie, le trouble et le danger du retour de la Chair avec ses pulsions de reproduction et de prédation.
Echelles
Le film lui-même est une odyssée labyrinthique qui décrit aussi bien l'humanité perdue dans le Gigantisme d'un Monde qui a été brutalement ouvert.
Que ce soient les espaces et les corps démesurés sur la Planète infectée ou la taille monstreuse du Nostromo (exposé par des plans d'extérieurs très impressionnants en contraste avec els déambulations dans les couloirs), on sent que les humains sont trop petits pour ces endroits. Et en même temps ils sont trop grands pour comprendre et maîtriser ce qui se passe à plus petite échelle dans leurs fécondations.
Alien c'est aussi un film qui va donc explorer ce qui est au delà de l'humain. Ce qui nous est littéralement ETRANGER. Comme le Minotaure dans le labyrinthe, l'Alien qui traque les humains dans leur vaisseau est un hybride à la fois le fils des dieux (les oeufs trouvés sur une planete cyclopéenne) et né de l'homme (Chestbuster)
L'épreuve du temps
Alors est-ce que des décennies après Alien fait toujours sont effet ?
Ben oui. Ridley Scott maintient un rythme parfaitement maîtrisé de bout en bout du film, les temps longs ne sont pas chiant et les accélérations propulsent l'histoire vers des moments de terreur pure, comme la bataille avec l'Android ou les scènes stroboscopiques finales.
Alien c'est l'histoire d'une humanité qui a dépassé ses limites, enfanté l'IA et se confronte a la pure matérialité organique de ce qui n'est pas humain.
Il n'est donc pas dit que dans l'espace personne ne vous entende crier, mais dans l'espace le silence de dieux n'aura jamais été aussi assourdissant.
(et en celà les suites Prometheus et Covenant sont des prolongements logiques de l'oeuvre initiale).