Le Nostromo,vaisseau spatial commercial sur le chemin du retour vers la Terre,se détourne en direction d'une planète inconnue d'où émane un mystérieux signal.Hélas les astronautes y sont attaqués par une répugnante créature qui investit le corps de l'un d'eux et se cache dedans.Le vaisseau repart mais le xénomorphe va "sortir de ce corps" puis agresser et tuer un à un les membres de l'équipage tout en grossissant très vite et de manière exponentielle."Alien",démarrage d'une longue saga,est un des grands classiques du fantastique SF et un des meilleurs films de Ridley Scott.Pourtant,à bien y regarder,ce n'est jamais qu'un bon gros slasher des familles.Tous les codes du genre sont présents:un lieu unique restreint et isolé,ici ce vaisseau glissant dans l'espace où on ne vous entend pas crier,un éventail de personnages très différents aux caractéristiques bien marquées,un tueur efficace,insaisissable,indestructible et d'une agressivité maximale,une série de morts bien dégueus,des protagonistes s'ingéniant à se séparer stupidement de façon à être isolés lors des assauts du furieux,un dernier survivant venant à bout de l'assassin.Mais attention c'est du slasher de luxe,on n'est pas dans "La bande de cons dans la cabane au fond des bois" filmé en super 8 par les potes à Charles Manson.Scott fait preuve de toute sa science de la mise en scène en déplaçant sa caméra avec fluidité et en trouvant des angles originaux à travers son décor étroit formé de nombreuses pièces reliées par des coursives inquiétantes.Et puis il y a du beau monde à tous les niveaux de fabrication.Jerry Goldsmith signe une musique particulièrement flippante,David Giler et le célèbre cinéaste Walter Hill sont à la prod,la direction artistique est due à Roger Christian,qui deviendra réalisateur à partir de 81 tandis que le scénario a été écrit par Ronald Shusett,également producteur délégué,et Dan O'Bannon qui réalisera en 85 "Le retour des morts-vivants".Quant au terrifiant alien,il a été imaginé par l'illustre plasticien suisse HR Giger et matérialisé par le grand Carlo Rambaldi.En outre le film ne se contente pas d'être un slasher mais se situe au carrefour de plusieurs influences prégnantes du fantastique 70's-80's.L'époque était fertile en la matière,Carpenter avait fait "Halloween" en 78,le premier "Vendredi 13" sortira en 80,le premier "Evil Dead" en 81,"The thing" en 82,même si ce dernier s'inspire de "La chose d'un autre monde" qui date de 51.On pense donc aussi à la vieille SF des fifties,riche en extra-terrestres envahissants,mais l'évolution des effets spéciaux et des mentalités a abouti dans les années 70 à des oeuvres beaucoup plus violentes et visuellement réalistes.On retrouve également dans "Alien" des traces de la techno SF définie par Kubrick dans son "2001" via le look du vaisseau,chrome,netteté et appareils électroniques multiples,et son mode de fonctionnement,notamment ces caissons de biostase dans lesquels hibernent les cosmonautes et cet ordinateur de bord tout-puissant susceptible de devenir incontrôlable,même si l'aspect du matériel peut aujourd'hui sembler désuet.Cependant ces ordis aux écrans bombés,au visuel médiocre et au graphisme sommaire recèlent un vrai potentiel nostalgique.Il y a de plus la dimension de l'horreur organique,déjà théorisée par Cronenberg qui avait donné entre 75 et 79 "Frissons","Rage" et "Chromosome 3".On pourrait aussi citer le transhumanisme représenté par le personnage de l'androïde,machine au préalable popularisée par "La guerre des étoiles",voire autrefois Robby le robot de "Planète interdite",mais le droïde est ici un ennemi et il est plus perfectionné,il s'agit plus d'un clone d'humain.L'habileté de ce "8e passager" est de faire cohabiter harmonieusement tous ces éléments sans perdre sa cohérence et en imposant une identité forte.Le casting évite les stars pour se concentrer sur de très bons comédiens plutôt abonnés aux seconds rôles.Sigourney Weaver,peu connue à l'époque,crève l'écran dans le rôle très physique de Ripley,la guerrière ultime,terrifiée mais déterminée,qui a ouvert la voie aux performances de combattantes au cinéma comme par exemple Sarah Connor dans "Terminator".Les autres,qui ont par la force des choses des temps de présence variables,sont au diapason et parfaits dans leurs emplois,qu'il s'agisse de Tom Skerritt,Veronica Cartwright,Harry Dean Stanton,Yaphet Kotto,John Hurt ou Ian Holm.Pour ce qui est du chat Jones,il est interprété par quatre matous différents.