révélation :
il m'aura fallu 40 ans et plus de 10 visionnages pour comprendre, aujourd'hui enfin, qu"Alien le 8e passager" n'est pas un film de vaisseaux spatiaux.
C'est un film de sous-marin.
Couloirs en boyaux encombrés de matos, lentes et lourdes machines qui glissent dans l'espace avec l'inertie de léviathans en fonte, scaphandriers maladroits qui pataugent sans visibilité, sons déformés, résonances métalliques, voix assourdies, épaves squattées par les poulpes, crustacés blêmes...un sous-marin vous dis-je, tout l'évoque délibérément
c'est un film claustro.
On nous a prévenu d'avance, pourtant : Dans l'espace, personne ne vous entendra crier. Nous voilà dans le monde du silence. Cet espace n'est aucunement un prolongement du ciel, on est au fond. Tout au fond.
Même la sortie sur l'astéroïde est filmée comme une sortie de scaphandriers, et la visite de l'épave est celle d'un galion coulé par des pirates...et le monstre adulte a un crâne façon orque...et Ripley va le flinguer avec une sorte de lance-harpon...
( honte d'avoir mis si longtemps à le remarquer )
Pour le reste, même si le film semble tout devoir aux visuels uniques de Giger, la tension repose en fait sur une chose toute simple : ces gens ne s'aiment pas.
Ils sont une poignée d'êtres dérisoirement petits et faibles dans un océan immense et, éventuellement, hostile, coincés dans le même bateau, ils doivent s'entraider, pouvoir compter les uns sur les autres: perdu ! cet équipage n'est en rien une équipe.
Si Alien est un film d'action/aventures, le scénario va nous montrer comment, contre toute attente, une partie d'entre eux apprend, change et réussit à devenir une équipe ( qui gagne ).
Si c'est un film d'horreur, ils n'y parviendront jamais et on les verra se faire croquer un par un jusqu'au dernier, répétant les mêmes erreurs abyssales, les mêmes comportements stupides et irrationnels comme l'humanité ( on se prend à leur crier "mais non ! ne fais pas ça ! " comme au guignol )
alors : survivra ? survivra pas ?