J'ai un rapport particulier avec ce film, comme beaucoup j'imagine. C'est je crois le film, qui pendant mon adolescence m'a donné envie de me documenter sur le cinéma. La saga qui en suit est aussi un tremplin qui m'a aidé à prendre beaucoup de recul avec mes visionnages. Je ne vais pas vous énumérer toutes les anecdotes de production déjà bien documentée/répandues sur le web et autres revues spécialisées, car vous en connaissez sans doute déjà beaucoup.

C'est film est littéralement la référence de la science-fiction horrifique. Bien plus qu'un Dents de la mer dans l'espace, Alien est d'une richesse conséquente continuant de donner ses lettres de noblesse dans les deux genres. Ce succès symbolique est due aux talents combinés des artisans qui l'ont fabriqué.

Dan O'Bannon aidé de Ronald Shusett a repris dans un ton plus sérieux son scénario sur le premier long-métrage de John Carpenter Dark Star (1974) avec un alien (étranger en latin) ballon de plage qui fait des chatouilles comme un Gremlins. Oui ce truc existe. 😂 Le designer suisse Hans Ruedi Giger est choisi par le réalisateur pour concevoir l'aspect graphique du métrage (vaisseaux, créatures, planète) avec surtout la création du plus grand Monstre de tous les temps, le Xénomorphe (xeno en grec signifiant étranger). reconnaissable à son allure biomécanique et hautement sexuelle (phallique). Jerry Goldsmith signe pour ce film l'une des ses plus belles partitions de sa carrière avec des thèmes tout en suspens (illustrant l'isolement, l'immensité de l'espace, ses mystères et l'inconnu) et en tensions (cordes stridentes ou frottées). Évidemment la distribution réunit des grandes figures dont la carrière explosera par la suite : Veronica Cartwright (Lamber), John Hurt (Kane), Yaphet Kotto (Parker), Harry Dean Stanton (Bret), Ian Holm (Ash), Tom Skerritt (Dallas) et Sigourney Weawer (Ripley). Leurs personnages sont impeccablement caractérisés dans le récit et deviennent instantanément des archétypes, véritable marque de fabrique de la saga à venir. Les témoignages d'époque sur le tournage mentionnent également un investissement intense de leur peur pour des scènes éprouvantes dont je vous épargne les divulgations.

Ridley Scott signe alors avec cette équipe solide un film pionnier. Le réalisateur filme les coursives du Nostromo comme un fantôme errant dans un labyrinthe où le monstre de Giger se trouve être le minotaure. Les décors en studios à l’intérieur desquels se perdait littéralement l'équipe durant le tournage fourmille de détails en tout genre, passant des pièces immaculées (cuisine, chambre d'hibernation, Maman) à celles suintantes représentant le "futur usé" (imaginé avec Star Wars). Le savant mélange d'animatroniques, de maquillages et costumes (portés par l'acteur nigérian Bolaji Badejo) sur les aliens fonctionne bien qu'il peut sembler vieilli sur certains plan, ce qui par ailleurs contribue toujours à le rendre terrifiant (lenteur). L'utilisation intelligente d'un éclairage varié contribue aussi à sublimer l'ensemble. Les effets visuels (numérique, mat-painting, maquettes et autres modèles réduits) récompensés par un oscar sont évidemment irréprochables. De plus ce qui fait aussi l'identité de ce slasher de l'espace c'est aussi l'implication des acteurs, surtout Sigourney Weawer découverte à cette occasion par le grand public. Ripley devient avec ce film instantanément une référence pour les personnages féminins forts, et ce, avant Sarah Connor (Terminator en 1984, réalisé par Cameron qui réalisera Aliens). Enfin, bien plus qu'un simple film de monstre Alien peut se targuer d'évoquer, au-delà de l'horreur (illustrée fréquemment à l'image sous forme de viols), des thèmes sociétaux (politique, maternité, l'intelligence artificielle et perte de foi dans les institutions) très ancrées dans le contexte de sorti du métrage des 1970s.

Il y a tant d'autres choses à dire. Mais j'estime à mon humble avis, avoir fait le tour de ce qui faisait la réussite de ce métrage.

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le 17 juil. 2024

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