C'est vraiment pas facile d'émettre une critique sur un de ses films préferés et qui est de plus un grand classique de la science fiction et du cinéma tout court.
Mais ce film pose à mon humble avis des question fondamentales du genre d'où venons nous?Que sommes nous?Où allons nous?Qui s'appliquent aussi bien à l'alien qu'à nous même.
La question du film ne se pose pas sur la possibilité d'une éventuelle vie extraterrestre,c'est de l'acquis, les enjeux sont plus de l'ordre du rapport à l'autre, à cet intime étranger, qui au plus profond de ce qu'il représente nous renvoie nôtre image en pleine face.
Les relations sociales à bord du Nostromo sont extremement bien filmées, pas de super héros de l'espace ici mais plutôt l'humain trivial qui, même à des millions de kilomètres de la Terre tente de négocier sa prime.
Dans le vaisseau aussi carcéral (c'est un huis-clos quand même) qu'utérin, une femme qui sera mise à rude épreuve comme dans un labyrinthe au parcours initiatique: Ellen Replay alias Weaver parfaite pour ce rôle,icône de la SF définitivement.
Psychanalitiquement,Alien regorge de symbolique sexuelle que ce soit le design de facehunger, de chestbuster ou du monstre extrêmement bien réussis quoique discret mais dont la courte apparition est à chaque fois très puissante et provoquera bien du dégoût au spectateur (alors que,bizzarement plus tard la reine,je trouve possède une bonne charge érotique et de la séduction).
L'ordinateur "maman"est une excellente trouvaille et n'a rien à envier à un Hal de 2001 dans un autre genre,plus perverse; en voilà une mère bien mal intentionnée et qui met ses enfants au péril de la vie au sein de son être.La création humaine est très critiquée alors que si nous sommes sensibles à ce qui se passe réellement ,seules les intentions de la bestiole sont "pures"comme le dira le savant fou du vaisseau, lucide mais aveuglé par la soif de connaissance et d'expérimentations.
Tant de thèmes à décortiquer,tant de géni qui sera complètement balayé dans le deuxième volet.Regarder Alien le huitième passager se suffit largement à lui même dans la saga, tout sera compris aussi bien le danger de la créature que la relation ambigue avec Replay, en celà pas besoin d'attendre le quatrième volet, plus bavard en expressivité.La fin du huitième passager dans le petit vaisseau nous dit déjà tout de cette ambiguité dans un face à face quasi sensuel,Replay en petite culotte ce n'est pas du voyeurisme gratuit.
En gros je pense que les autres volets peuvent être interessants en ce qui concerne l'évolution de l'héroïne et pourquoi pas une question qui pèse lourd dans cet univers: L'alien est t-il une création humaine à la base qui a mal tourné?
Enigmatique, ouvert aux interprétations, grand public mais aussi exigeant, Alien le 8ème passager est un subtil mélange d'artisanat aux effets spéciaux ultra limités et d'art plus conceptuel dans le sens où il soulève tant de questions fondamentales sans jamais y répondre vraiment.