La promotion du film n'a pas menti concernant la qualité de la production design (décors, technologies, photographie, sons, ...) extrêmement respectueuse du chef d’œuvre de Ridley Scott (qu'il avait lui-même trahi avec ses deux préquels). Je n'ai jamais joué à Alien: Isolation mais je ressens bien que ça été pris comme source d'inspiration par le réalisateur. Autre promesse tenue : Celle du retour au practical après les aliens digitaux des préquels. Depuis AVP (oui ils était bons) jamais les créatures (facehuggers et xénomorphes) n'ont eu un aussi bon rendu. Fede Alvarez a créé un équipage de prolétaire qui a la chance d'avoir un peu plus de consistance que ceux des deux précédents opus, ce qui rend l'attachement plus aisé. Ceux-ci évoluent dans les 20 premières minutes du métrage dans un environnement de l'univers d'Alien jamais exploité, une colonie minière de l'espace (dans un style cyberpunk qui rappellera peut-être Blade Runner à certains). Il propose quelques idées originales notamment quelques séquences en gravité zéro, scènes clés dans l'intrigue. Mentionnons également des scènes très réussites mettant enfin à l'honneur les facehuggers dans la franchise. Autre point non négligeable : Jamais l'aspect phallique du Xénomorphe n'a été aussi bien mis en image depuis le film original. Benjamin Wallfisch à la musique rend de beaux clins d’œils aux compositions de Goldsmith mais s’emballe vers des airs un peu bourrins parfois typique de son style. Le rythme du métrage est bon également, on ne sent pas les 2h passer. Enfin les acteurs sont plutôt bons surtout Cailee Spaeny (Rain Carradine) et surtout David Jonsson (Andy), leur personnages ayant par ailleurs une relation assez singulière au sein de la franchise. Mais ...
La violence promise par la réalisateur du remake d'Evil Dead semble avoir été quelque peu coupé du film qui passe finalement assez vite sur les attaques des monstres. En conséquence, l'angoisse ne s'installe jamais vraiment tant cela s'enchaîne. Certains effets spéciaux sont mal faits notamment un effet sur un homologue d'un androïde que nous connaissons bien. Le principal reproche qui est fait au film et je suis d'accord, c'est bien entendu le manque d'inventivité (impasse d'une saga difficile à renouveler aujourd'hui tant elle a fait le tour de son sujet avec des visions différentes à chaque nouvel épisode). On retrouve des clins d’œils (visuels, verbaux, sonores) à outrance. Dans ce Romulus on a des références aux films de Scott, de Cameron, de Fincher et de Jeunet. Il arrive même à raccrocher les wagons avec les préquels de Scott, c'est dire. Le dernier acte est par ailleurs un mélange assez grotesque du final de deux de ces œuvres. Je ne vais pas lister toutes ces références car d'autres critiques les ont sûrement relevées comme beaucoup de spectateurs ou lecteurs.
En résumé, Fede Alvarez nous offre un bon train fantôme dans une station scientifique abandonné. Mais ce n'est pas avec ce Maxi-Best-Off de la saga qu'on renouvelle une franchise. Il faudra compter sur la série Alien: Earth qui sortira l'an prochain pour voir un peu de nouveauté.