Le Quatrième Acte [Update]

Je ne vais pas y aller par quatre chemins. J'étais plutôt satisfait de ce que je voyais. Malgré quelques pointes de fan service non subtils, pendant 1h40, j'étais à fond, je m'amusais bien. Et puis il y a eu ce quatrième acte. Et ce quatrième acte m'a juste complètement sortie du film. J'avais du mal à me concentrer, je ne comprenais plus trop ce qui se passait et je suis sorti de la salle avec la sensation amer de ne pas avoir aimé le film, alors que j'ai adoré 4/5 du long-métrage. Du coup, que faire ? Donner le plus d'importance à ce que je suis sûr d'avoir apprécié ou mettre l'accent sur la petite partie qui m'a rendu plus que perplexe ?

Pour me concentrer sur le positif, j'ai adoré l'esthétique du film. Une ambiance visuelle se rapprochant du premier film ainsi que du jeu vidéo Alien: Isolation, de l'aveu même de Fede Álvarez. Le retour des décors retro futuriste, les multiples jeux d'ombres et de lumières, les animatroniques des facehuggers et des xénomorphes. Cet esthétique plus brut, plus sale, permets à la saga de reprendre un peu son souffle après les grandiloquences de Prometheus et Covenant. Le seul bémol est l'utilisation du deepfake sur un personnage. Une faute de goût qui n'était vraiment pas nécessaire.

L'ambiance sonore est également très bien travaillée. Les sons des différents objets ou machines, les bruits des créatures et la bande originale donne au film le caractère prenant que je voulais. Je m'attendais tout de même à une scène complétement silencieuse avec la gravité zéro comme dans Dead Space. J'aurais trouvé ça génial mais bon, on ne peut pas tout avoir.

La musique de Benjamin Wallfisch, à l'instar du film, mélange l'hommage aux anciennes bandes originales, avec notamment des reprises d'anciens thèmes iconiques, et le ton plus agressif/brut de Romulus comme avec les morceaux qui entourent les personnages androïdes. Des sons froids, stridents, synthétiques, pouvant totalement faire partie de l'univers de Blade Runner par exemple. (Wallfisch a travaillé avec Hans Zimmer sur Blade Runner 2049 d'ailleurs). Mais même en dehors des androïdes, le morceau "There's Something in the Water" utilisé pour l'attaque des facehuggers que l'on peut voir dans le trailer, contient également ce genre de sonorité utilisés de manière frénétique, anarchique, qui correspond extrêmement bien à la panique que ressentent les personnages sur le moment.

Les personnages d'ailleurs. Si Rain et Andy, interprétés respectivement par Cailee Spaeny et David Jonsson, sortent du lot grâce à leur relation fraternelle, c'est plus compliqué pour le reste du crew. Si tous le monde joue parfaitement bien, leurs personnages sont surtout des fonctions et sont sur une liste d'attentes pour mourir. Ce n'est pas très grave en soit. Ce n'est pas nouveau dans la saga Alien et encore moins dans le genre de l'horreur. Mais avoir des personnages plus étoffés n'aurait pas fait de mal au film.

Niveau histoire et scénario, je m'attendais à quelque chose de déjà-vu s'inspirant des premiers films et c'est à peu près ce que j'ai eu. Même réflexion que pour les effets visuels, c'était pour moi quelque chose de nécessaire de revenir avec du basique après le cirque Prometheus/Covenant. Donc forcement, le point qui m'a vraiment surpris, c'est la prise en compte concrète du lore de ceux-ci. Et si j'ai été soulé dans un premier temps, je me suis dis que c'était plutôt honorable de la part d'Álvarez d'essayer de réparer les conneries de Scott en essayant de les réintégrer avec plus de "subtilité". Et parler de subtilité avec Fede Álvarez, il faut le faire. C'est dire ce que je pense des 2 films cités juste avant. Mais c'est un autre sujet.

On en vient donc à ce fameux quatrième acte. J'ai vu le film il y a presque une semaine maintenant et j'ai encore un peu de mal à savoir ce que j'ai réellement pensé de ces dix dernières minutes. Le quatrième acte étant un standard dans la saga, l'effet de surprise n'est plus vraiment d'actualité. Il faut donc trouver autre chose pour réussir à choquer le spectateur. Et c'est ce point qui me bloque. Parce que je m'attendais à plein de chose mais ce "truc" spécifiquement ? Non clairement pas. Faut voir la tronche que je tirais quand les crédits sont apparus. Comme je le dis au début, j'ai quitté la salle avec l'impression de ne pas avoir aimé le film alors que je savais pertinemment que c'était faux. Mais du coup, puisque j'ai été surpris et troublé par ce choix, il est fondamentalement réussi non ? Peu importe mon ressenti, l'effet de surprise que je voulais avoir est là et ça m'a déstabilisé. Et je ne sais toujours pas quoi en pensé.

En fait, en écrivant, je suis en train de me rendre compte que je ne pourrais pas avoir ma réponse tant que je ne reverrais pas le film. Je suis donc obligé de rester avec ce point d'interrogation jusqu'à la sortie du Blu-Ray. La note reflète donc les deux sentiments principaux que j'ai ressenti durant la séance. Et vu que sur la longueur, je me suis plus amusé que je n'ai été perplexe, ce sera plus positif que négatif. À voir si cela changera dans le futur.

Je termine quand même en disant bien joué à Fede Álvarez, moi qui reste généralement de marbre devant ses films, il a réussit à me divertir et me déstabiliser. Merci pour ça !

UPDATE Second visionnage :

Ah ouai, j'étais vraiment dans un état second au ciné pendant les 10 dernières minutes. Je ne me rappelais même plus de comment elle se débarrasse de l'offspring. La scène me paraissait bien plus longue sur le coup et au final, la créature n'a pas énormément de temps d'écran.

Mais je pense qu'avec le temps et les visionnages, ce dernier acte grandira en moi positivement. Parce que oui, il y aura clairement d'autre visionnages. J'aime définitivement l'ambiance de ce film. Rain et Andy sont de très bons personnages. Et la mise en scène est très propre.

C'est pour moi le meilleur film de la filmo d'Álvarez. Il a réussit à remettre la saga sur des pieds stables en utilisant des éléments des tout premiers films et des derniers. Et c'était pas gagné. Moi qui est toujours pensé qu'il fallait faire fi des éléments de Prometheus et Covenant, c'est peut être finalement Álvarez qui a raison. Il suffit de complètement prendre en compte ces éléments puis de les remanier pour remettre un peu d'ordre dans ce bazar. En espérant que les prochains projets feront pareil, tout en apportant leurs éléments à eux.

7/10 (+1).