Chaos de production et produit de studio surexploité, il est clair que depuis plus de 30 ans et le deuxième opus réalisé par James Cameron, Alien ne fait plus l'unanimité auprès des spectateurs malgré son statut de saga culte. Après la réception décevante des préquelles Prometheus et Alien : Covenant, le rachat de la 20th Century Fox par Disney et la mise en chantier de projets jamais concrétisés, Alien semble être aujourd'hui plus connue pour ses films jamais sortis que pour ceux qui ont eu la chance de voir le jour sur grand écran. Il est d'ailleurs étonnant de voir Ridley Scott à nouveau céder sa place quant à la réalisation de ce huitième opus - après ses caprices passés afin d'y récupérer les droits de la saga - bien qu'au vu du résultat final, la question serait plutôt de savoir si un cinéaste parviendra un jour regarder cette dernière autrement que comme une machine autoréférentielle.
Se vendant comme un étrange spin-off prenant place entre la timeline de Alien - le 8ème passager et Aliens, Alien : Romulus à surtout une démarche similaire au film Prey de Dan Trachtenberg dans le sens où ce dernier ne cherche pas à surcharger sa mythologie déjà existante ni d'y explorer des horizons inédits comme l'a fait à sa manière Scott aux travers de Prometheus et Alien : Covenant, mais au contraire de faire un retour aux sources qui voudrait respectueusement rendre hommage au premier film tout en y redéfinissant sa vision. Malheureusement, passée cette note d'intention de legacy sequel déjà très classique, la stratégie opportuniste de la commande de studio refait très vite surface et questionne très vite quant à l'utilité de la présence de ce nouvel opus dans la continuité de la saga. Car Alien : Romulus n'essaye même pas de cacher qu'il recopie l'œuvre originelle de Scott - tout en s'emparant de certaines idées de ses suites - et qu'il a lâché l'affaire d'y incorporer la moindre nouvelle idée comme le confirme sa séquence d'ouverture se contentant d'un fan-service extrêmement pompeux afin de ravir les fans qui reconnaîtront les débris flottants du Nostromo, la police d'écriture en traits droits et la musique originale composée par Jerry Goldsmith.
Néanmoins, tout cela aurait pu être pardonnable si Fede Alvarez avait eu la politesse d'expérimenter en matière de mise en scène afin de transcender sa proposition peu inspirée et de respecter sa promesse de remettre le Xénomorphe en tant que vedette principale en montrant ses différentes phases d'évolution. Or, c'est exactement sur ces points que le film se révèle le plus décevant ; non pas que Alien : Romulus soit totalement insipide, car il est clair que le cinéaste a fait des choix de mise en scène dans lesquelles il arrive à ressortir des séquences plaisantes en terme de frissons (notamment avec les Facehugger) - bien que la terreur créée par l'utilisation du hors-champ de Alien - le 8ème passager reste encore indétrônable à ce jour - mais il est assez impressionnant de voir à quel point la pseudo-modernité de son approche se contente d'emplir un héritage raté où le moindre concept antérieur de la saga ne doit rester inactif et où passés ses plans et dialogues références, son véritable manquement est l'absence d'une identité propre.
Le film d'Alvarez n'est qu'une nouvelle preuve que Alien est restée coincée dans les années 1980 et que malgré les budgets et savoir-faire colossaux que le cinéma de science-fiction contemporain peut avoir à sa disposition, les studios préfèreront toujours économiser des bouts de chandelles scénaristiques plutôt que de s'embêter à s'adapter aux attentes des spectateurs ayant payé leur ticket de cinéma au prix fort.