Après les errances de papy Ridley, avec Prometheus et Alien: Covenant, qui ont donné une trajectoire plutôt maladroite à son chef-d'œuvre de 1979, il était important de revenir aux fondements mêmes de ce qu'était la saga Alien. En se perdant trop dans les histoires d'origine de notre xénomorphe préféré, celui-ci avait clairement perdu de sa superbe et de son statut culte de monstre sacré de la SF.
L'idée d'avoir choisi Fede Álvarez, un réalisateur à l'aise avec les films d'horreur, laissait espérer que la saga retrouve le droit chemin. Sa vision du remake grossier mais plaisant d'Evil Dead et le sympathique, sans être mémorable, Don't Breathe nous rassurait : le film n'aurait pas peur d'aller à fond.
Et sur ce point, on peut dire qu'il a réussi. Alien Romulus nous fait retrouver la viscéralité présente dans les premiers opus. Les thèmes de la saga sont bien là et respectés à la lettre, tout en développant légèrement le rapport entre Androids et Humains avec Rain et Andy, interprétés par des acteurs convaincants, sans chercher à surpasser ceux qui les ont précédés dans la saga.
Les Facehuggers, plus présents, héritent d'un traitement plus vicieux par leur volonté d'inséminer. Le xénomorphe, un peu en retrait sans en abuser, retrouve ses lettres de noblesse.
La mise en scène soignée laisse planer cette tension et ambiance claustrophobique que l'on retrouvait dans Le Huitième Passager. Chaque victime subit son lot de sévices différents. Le gore est assumé sans excès. Les spécificités de l'Alien sont bien pensées et utilisées de manière innovante.
Les références aux films précédents sont clairement posées çà et là, nombreuses, parfois vraiment plaisantes, mais aussi extrêmement grossières et dérangeantes sur l'une des répliques les plus cultes de la saga.
On tire quand même un peu sur la corde nostalgique avec un personnage important du premier film qui, malheureusement, ne convainc pas, la faute à un effet uncanny valley qui fait tache en 2024.
Et le film se met des bâtons dans les roues en y mettant un compte à rebours qui malheureusement aura une incidence sur la rapidité de gestation de l'Alien, trop courte.
Pourtant, les effets spéciaux restent vraiment satisfaisants dans tout le reste du film, proposant des panoramas assez grandioses et un bestiaire convaincant.
Le lien est fait entre les deux périodes de la saga, surtout pour nous donner un quatrième acte (règle essentielle de la saga Alien) qui surprend sans rappeler Alien: Resurrection, tout en restant dans la continuité de ce que le film veut être au sein de la série.
Le film offre un crescendo bien huilé, une tension qui, malgré une petite longueur, reste présente, et une proposition généreuse pour le spectateur.
La photographie est soignée et accompagne très bien le récit, un aspect pourtant inattendu compte tenu des précédents films du réalisateur, malgré des bandes-annonces prometteuses.
Le scénario, qui consiste à aller d'un point A à un point B, permet tout de même d'explorer un peu plus l'univers de la franchise au début du film, où la compagnie Weyland-Yutani reste toujours le maître sans scrupule.
Alien Romulus se montre digne de l'œuvre originale, allant au-delà de l'effet nostalgie, tout en méritant sa place au sein de cette saga que j'aime tant.