Je pense que la note de ce film dépend beaucoup de sa propre relation avec la license.
Personnellement, même si, comme beaucoup, j'ai une vision assez claire du concept d'Alien, je n'ai que de vagues souvenirs des premiers films. J'ai détesté Prometheus, et je n'ai jamais joué au jeu vidéo Alien: Isolation (apparemment une grande source d'inspiration pour ce film). J'allais donc voir Alien Romulus sans grandes attentes, en espérant ne pas être perdu par une histoire qui reposerait trop sur les bases de ses prédécesseurs.
La réponse est non, aucun problème. Je pense même que ce film pourrait constituer une bonne porte d'entrée à l'univers.
Alien Romulus raconte l'histoire d'adolescents sans avenir, contraints de travailler comme mineurs pour la compagnie Weyland-Yutani, qui les traite comme de la main-d'œuvre jetable. Frustrés par leur condition, ils décident d'explorer une vieille épave abandonnée de la compagnie, dans l'espoir de trouver un moyen de fuir vers une planète plus accueillante.
À bord de cette station, nommée Romulus, ils tombent sur des facehuggers, qui vont considérablement nuire à leur projet. J'essaie d'éviter les spoilers, mais vous vous doutez bien qu'un xénomorphe finira par apparaître à un moment dans cette histoire.
Les jeunes sont un peu caricaturaux sans que cela ne soit trop lourd (il y a le gars sympa, la pilote un peu antipathique, le nerveux, etc.). On a vu mieux, mais on a aussi vu bien pire. La longue introduction du film permet de bien caractériser chaque personnage et de montrer la dynamique qu'ils ont entre eux. Mention spéciale à l'automate Andy, qui peut se montrer aussi touchant qu'inquiétant.
Le cœur du film est donc un survival où le but est de s'échapper tout en étant poursuivi par des créatures mortelles.
À ce niveau c'est vraiment réussi: Certains passages ajoutent vraiment de la tension, et on en vient à s'inquiéter réellement pour les personnages, non pas parce qu'on est attaché à eux, mais plutôt parce qu'on ne souhaite à personne les atrocités qu'ils subissent.
Le xénomorphe (et autres) m'a d'ailleurs surpris par sa lenteur au début, mais je pense que celle-ci est justifiée par une certaine cruauté de sa part. Il prend plaisir à jouer avec ses proies, ce qui le rend finalement encore plus monstrueux.
Le film est bien rythmé, les événements s'enchaînent de façon fluide, l'ambiance sombre, froide et rétro-futuriste fonctionne très bien, et il y a par moments de bonnes idées de mise en scène (je pense notamment au passage en gravité zéro). Cependant, le gore n'est pas si poussé que ça. Le minimum est présent, et les effets spéciaux pratiques rendent bien à l'écran, mais on pourrait reprocher que cela reste assez sage à ce niveau.
L'intérêt est ailleurs, car ce qui est particulièrement repoussant avec les créatures, c'est qu'elles montrent parfois des caractéristiques physiques très sexuelles. Le thème de la maternité est également souvent présent, ce qui ajoute au côté glauque. C'est le genre d'atmosphère dans laquelle on a moins peur de mourir que de savoir comment.
Malgré tout, Romulus souffre d'un certain manque d'innovation. La quasi-totalité de ce qui est montré a déjà été vu dans d'autres œuvres. Chaque film a toujours réussi à ajouter sa pierre à la mythologie, tandis que celui-ci se contente de faire un best-of, certes très réussi, mais sans audace.
Comme précisé au début de cette critique, je suis assez détaché de cette saga, et c'est pourquoi ce point noir n'a pas eu beaucoup d'effet sur moi (ce qui explique une si bonne note), mais il est tout de même important de le préciser.
Romulus est donc un opus respectable, accessible, avec une ambiance horrifique efficace, mais qui recycle des concepts déjà vus. C'est la sensibilité de chacun à ce dernier point qui déterminera l'appréciation de ce film.
Pour ma part, cela m'a surtout donné envie de revoir les premiers.