Alien: Romulus
6.5
Alien: Romulus

Film de Fede Alvarez (2024)

Bon, ça n'allait pas.

M'est venu en tête une idée curieuse : L'héroïne de ce film, Rain, ressemble à Rey, de Star Wars. Déjà le nom du personnage bon. Mais au-delà, elles partagent de nombreuses caractéristiques. Et sans doute avec un grand nombre d'héroïnes jeunes, l'air fragiles mais en fait badass, vaguement empruntées mais finalement capables d'exploits complètement hors normes... belles, lisses, un je ne sais pas quoi qui cloche. En réalité c'est très simple : elles n'existent pas.


On pourrait blâmer la caractérisation des personnages, arguer que cette bande de jeunes mannequins n'a pas l'air très "ouvrier", que l'histoire des parents décédés est amenée à la truelle (de maçon), que la dimension vaguement sociale des heures de travail exigées par la Compagnie est un prétexte rapidement évacué au cours du film... Qu'aucun personnage n'a d'épaisseur et qu'on les regarde mourir sans ciller. Bien sûr.


Mais si aucune de ces héroïnes ne marque comme a pu le faire Ripley, je crois que c'est surtout parce que les réals de ces films s'en branlent. Je ne crois pas que Fede Alvarez ait très envie de raconter une histoire dans l'univers d'Alien. Cela m'a frappé lors du long plan où l'acide flotte en apesanteur : le film a de toute évidence été construit autour. C'est ça, la pulsion fondamentale du bon Fede : faire un plan où du sang de xénomorphe flotte autour de l'héroïne, où elle lévite entre les fluides. Fede Alvarez a des envies de porno spatial. Il s'en branle littéralement.


À partir de là, le film peut tout se permettre : installer lourdement cette histoire de gravité artificielle qui redémarre à intervalle régulier, multiplier à l'infini les déplacements dans le vaisseau (en haut... en bas... à gauche, à droite), accélérer graduellement la croissance des bestioles (qui passe du stade larvaire à l'âge adulte en 14 secondes), surgonfler les exploits physiques de nos héros qui d'une main résistent à la gravité et de l'autre canardent les aliens... Aucun de ces déplacements ne compte, aucune des motivations secondaires (sauver un camarade, récupérer du carburant...) n'accroche, parce qu'ils n'ont aucun sens. Aucun autre sens que permettre quelques plans visuellement impressionnants.


De là aussi, cette sensation de décor-porn qui subsiste tout du long. Les environnements sont régulièrement sublimes, et je pourrai jouir à l'infini du spectacle de ces portes d'acier qui se ferment au tout dernier moment sur les griffes des bestioles. Voilà un gimmick qui fonctionnera toujours... quand bien même les corps qui traversent les parois de métal sont complètement interchangeables. Là encore : sublime emballage pour un porno soft en lévitation.


L'affiche était belle. J'aurai oublié le film demain.

Paul_Rbm
5
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le 25 août 2024

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Paul Wew

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