Alien: Romulus
6.4
Alien: Romulus

Film de Fede Alvarez (2024)

C'est la question qui me taraude lorsque je regarde le dernier épisode en date de la saga Alien. Trop chargée de films dispensables, prétentieux, contre productifs, cette saga voit aujourd'hui naître un épisode beaucoup moins mauvais que les deux précédents, mais aussi moins audacieux. Si Prometheus et Alien Covenant n'étaient pas très réussis sur les plans techniques, narratifs, ect, il fallait reconnaître à Riddley Scott la volonté d'innover, à grand coup de pioche prétentieux dans le sacré des fans de la saga, et pour un résultat oubliable. Alien Romulus semble se situer à l'inverse.


Ici, Disney débauche Fede Alvarez, un bon artisan qu'il faut mettre sur un bon projet, et nous propose quelque chose de l'ordre du Legacyquel discret. Non, on ne reprend (presque) pas de personnages du premier film, mis à part une aberrante résurrection numérique de Ian Holm, mais bon, j'imagine que ça ne compte pas parce que c'est pas le même personnage (au passage, le seul vrai truc moche dans ce film, digne d'un mauvais deepfake). Tout cela mis à part, nouveaux personnages, nouveau décor, on creuse les thèmes de la saga (exploitation des travailleurs par la Weyland-Utani, rapport conflictuels entre les humains et les androïdes, etc) et on replace un dispositif similaire au premier film, ou au jeu Alien Isolation dont le film s'inspire beaucoup. La direction artistique est très belle, reprenant les technologies maintenant rétro-futuristes du premier film, et le mélange entre les effets réels et les greffe numérique est si parfait que tout fonctionne (à part ce foutu Ian Holm). MAIS...


Mais la question du fan service est selon moi à mettre au cœur du débat, parce que c'est un problème contemporain des films à licence. L'exemple d'Alien Romulus m’intéresse, parce qu'il ne s'agit pas ici d'un fan service intempestif, qui interrompt l'histoire pour un clin d’œil, voir qui guiderait le récit de manière opportuniste, à aucun moment devant le film je n'ai l'impression de voir des intentions explicitement mercantiles. D'ailleurs, le spectateur néophyte ne se plaindra jamais de ne pas avoir la références, tant celles-ci ne sont pas nécessaires pour comprendre le récit. Mais j'ai quand même l'impression d'être devant un film un peu fétichiste du passé. Lorsque je vois l'oiseau automate dans le réfectoire, les débris du Nostromo, l'esthétique globalement vintage du film, ou pire, la reprise texto de certaines répliques de la saga d'origine, je tique. Ce sont tout autant de détails (et heureusement), qui me font parfois sortir du récit, qui est au delà de ça, captivant et bien orchestré, comme si Fede Alvarez devait faire un bon film en étant parasité par un cahier des charges de fan service. Pas de procès d'intention cela dit, c'est aussi possible que le réalisateur soit fanatique d'Alien et qu'il insère volontiers ces hommages. D'où ma question d'origine, "le bon fan service doit-il être discret?" et je complèterait "ou doit-il être totalement absent?" car je reste convaincu qu'il est le principal défaut d'un film qui pour le reste, est très sympathique.

Teknograde
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le 26 août 2024

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