Fede Alvarez, réalisateur connu pour son super remake plutôt vénère de Evil Dead et l'excellent thriller bien tendu Don't Breathe, se voit attribuer une mission presque suicidaire : redonner un coup de neuf à la franchise Alien. Déjà, de base, c'est compliqué. La saga possède des codes et une esthétique ultra spécifiques ne permettant pas, à mon sens, d'être continuellement, perpétuellement, transcendés. Donc il aborde son projet avec intelligence : on va déjà essayer de faire un bon film. Malin. Riez pas hein, beaucoup l'oublie. Avec Alien Romulus, sixième volet de la série, Alvarez, après les préquels nuls et cons de Scott, Prometheus (fascinant tellement tout le monde, derrière et devant la camera, est à l'ouest dans ce film) et Alien Covenant (que j'aime bien, celui-là : c'est tout aussi nul et con, mais j'aime son côté série B crade et gore, la zic est chouette, et n'oublions pas le petit pipeau de David - que voulez-vous, je suis déviant), donc Alvarez, disais-je, joue ici la carte de l'intelligence et de l'apaisement en proposant un film qui tente de séduire aussi bien les vieux fans que la génération plus récente. Et le tout avec un budget relativement modeste s'il vous plaît, pour ce genre de production (80 millions de $). Et on peut dire que c'est assez impressionnant. Le mec a déjà prouvé qu'il pouvait faire des miracles avec peu de moyens, et ici, avec l’aide de son directeur de la photographie Galo Olivares, il capture l'esthétique oppressante typique de la saga, tout en se montrant assez classe. Bien joué déjà. Mais bon, n'allons pas trop vite, déjà de quoi ça cause ?
L’histoire : Alors qu’il entreprend des fouilles dans une station spatiale abandonnée, un groupe de jeunes mineurs se retrouve confronté à la forme de vie la plus terrifiante de l'univers…
Alors, ce qui frappe immédiatement, c'est que le réalisateur ne se contente pas de créer des environnements hostiles juste pour le plaisir de la tension. Chaque cadre spatial fait sens et reflète des thématiques récurrentes de la saga : comme l'oppression industrielle et l'exploitation de l'humain par des forces plus grandes, notamment. Le caractère et l'opposition prolo/Compagnie est récurrente dans la saga, mais ici elle est directement poussée à l'extrême en s'y focalisant peut-être encore plus frontalement que dans les autres opus. Et ça apporte une touche vraiment intéressante. Ici, pas d'officiers d'un cargo minier, pas de marines, pas de prisonniers isolés de tout : non, des ouvriers, des mineurs, adolescents en plus, bossant comme des chiens sur une planète dégueu, sans aucune liberté personnelle. Alors ok, on apprend rien de nouveau sur ce front. À travers la saga on se doutait bien de cet environnement, pas de soucis. Mais s'y confronter concrètement, en explorant ce quotidien hyper précaire d'une société capitaliste ultra-exploitatrice, où la Weyland-Yutani Corporation régit absolument tout, permet non seulement un ancrage cohérent avec l'univers - rappelant que l'espace, dans Alien, n'est pas un lieu de découvertes scientifiques, encore moins humanistes, mais bien au contraire un champ de bataille économique et politique violemment froid et déshumanisant, où le cauchemar, l'horreur, est autant extérieure qu'intérieure - mais également apportant une base au récit permettant de s'attacher hyper rapidement aux protagonistes, rêvant d'un ailleurs meilleur, et d'adhérer complètement à leurs décisions, aussi bancales qu'elles puissent être. Bref, c'est bien joué, c'est un super postulat de base.
Ensuite, dans le développement et dans ses différentes articulations narratives, ainsi que son expression technique, visuelle, Alien Romulus joue clairement la carte de l’hybride...
[...]
Critique plus détaillée sur notre blog ici :
https://lesgloutonsducinema.blogspot.com/2024/10/alien-romulus-fede-alvarez.html