N'importe qui s'intéressant un minimum au cinéma résumerait la popularité de la saga Alien de la sorte : les cinéphiles aiment le premier, les geeks aiment le deuxième, les deux autres sont des appendices dispensables. C'est à la fois injuste pour les épisodes 3 et 4, qui sont des œuvres à part entière, et bien réducteur pour cet Aliens qui reste catalogué comme film d'action "bourrin", alors qu'il a bien plus à offrir.


C'est un peu toujours la même chose avec James Cameron. Tous ces films (sauf Titanic et, dans une moindre mesure, Avatar) ont été vendus comme des films de divertissement musclés alors que le noyau central est toujours une histoire sentimentale (amour homme/femme ; amour filial) enrobée de ce qui se fait le mieux en matière d'action. Et comme ses films durent souvent près de trois heures, ce sont ces sous-intrigues plus subtiles qui disparaissent lors de la sortie cinéma. Ce sera le cas pour Abyss, T2 et Avatar mais c'était déjà le cas pour Aliens.


Revenons dans les années 80. James Cameron, tout juste auréolé du succès de Terminator doit s'atteler à la suite du classique instantané de Ridley Scott, Alien. Il aborde intelligemment ce défi en prenant le contre-pied du film matriciel. Chez Scott, on ne savait rien du passé des personnages pour ne pas révéler qui survivrait à la fin. Le film de Cameron n'a pas ce problème. Avec Sigourney Weaver de retour en haut de l'affiche, on sait tout de suite qu'elle est l'héroïne du film. L'auteur-réalisateur peut donc développer le personnage sans que cela ne révèle en rien l'issue de son long métrage. Ainsi, en nous expliquant que Ripley est une mère de famille qui n'a pas vu sa fille grandir (et pour cause, elle a dérivé dans l'espace pendant 57 ans), il fait appel à l'empathie du spectateur. Pour poursuivre dans cette direction, Ripley rencontre pendant son périple la petite Newt, une orpheline dont la famille a été décimée par les xénomorphes. Le lien est évident ! Oui, Aliens traite globalement du thème de la maternité, et ce cinq ans avant Terminator 2.

Le personnage de Bishop, interprété par Lance Henriksen, constitue également un excellent exemple de caractérisation réussie. Bien qu'au premier abord il renvoie directement au Ash du premier Alien, son rôle se révèle essentiel pour le développement de Ripley. Bishop permet à Ripley de se remettre en question et de sortir grandie de l'aventure, apportant ainsi une dimension supplémentaire à son voyage émotionnel.


Tout cela, c'est loin d'être bourrin. Mais rassurons-nous, là où Alien était un film d'horreur efficace, Aliens demeure un film de guerre assez jouissif. Film de guerre, car les personnages (pas si) secondaires sont des Marines venus exterminer la vermine extra-terrestre de LV-426, la planète du premier film. Campés par des habitués de "l'écurie" Cameron (Bill Paxton, Michael Biehn), chaque personnage dispose d'une personnalité propre (en gros : le héros au grand cœur, le rigolo, le garçon manqué...) et de dialogues savoureux, marque de fabrique du cinéma d'action des 80s. Un excellent travail de caractérisation qui était déjà présent dans le film de Ridley Scott. Il faut quand même préciser qu'il faut attendre une heure de métrage pour voir la moindre fusillade. Mais dès que ça commence, ça ne s'arrête plus. Les Marines voient leur nombre réduire de minute en minute sous l'assaut des vilains aliens. "Vilains" est d'ailleurs le mot juste, car le film dispose de l'alien le plus laid de toute la saga (Ah non, j'oubliais les AvP !). Loin de la beauté froide du monstre de Giger, il ressemble ici à un gros insecte. Mais le film se rattrape en laissant le spectateur pour bée devant le bébé de Cameron et Stan Winston : la Reine alien, leur mère à tous (puisque je vous dis que c'est un film sur le lien maternel !). Nous sommes conviés à un combat 100% féminin, chacune des combattantes protégeant son nid de l'envahisseur.


Pour résumer, le film jongle assez habilement entre l'action et les scènes plus intimistes. Les personnages dégagent davantage de chaleur humaine que dans le premier film et les rebondissements sont nombreux. Même si le film est un modèle de divertissement pour adultes, indéniablement marqué par la patte de James Cameron, on regrettera cependant que ce deuxième opus soit plus consensuel que le premier. Là où le film de Scott abordait un thème aussi anxiogène que le viol, Cameron privilégie les valeurs familiales que ne renierait pas Ronald Reagan. Aucune subversion à l'horizon.


Mais James Cameron reste indéniablement un excellent conteur. Son scénario fait appel à notre sensibilité en nous narrant l'histoire d'une maman qui vient sauver sa petite fille des monstres qui sont sous son lit. Un film bien plus sensible qu'on le laisse entendre, un poil moins classe que son aîné mais qui arrive à s'en démarquer tout en lui témoignant un respect sans faille. La version courte mérite un 8/10 ; la longue un 9/10.

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le 12 déc. 2011

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MajorTom

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