« You bastards killed the entire town. » DALLAS HOWARD

Étant donné les recettes honorables au box-office de Alien vs. Predator et en dépit des critiques mitigées à sa sortie, la 20th Century FOX souhaite remettre le couvert et lancer le chantier d'une suite à la guerre menée par les deux mythiques créatures. Les dirigeants doivent toutefois se heurter à l’indisponibilité de Paul W. S. Anderson, déjà occupé par les tournages et l’écriture de Resident Evil : Extinction et Death Race.

Paul W. S. Anderson passe donc son tour, autant derrière la caméra qu'à la rédaction du script, sans laisser non plus quelques pistes sur ce qu’il avait prévu avec sa la fin ouverte. Le scénariste Shane Salerno, qui avait assisté Anderson sur l’écriture du précédent volet, est alors appelé à la rescousse pour pencher sur l’intrigue de cette séquelle. Après réflexion, Salerno propose deux synopsis à la FOX, l’un se déroulait en Afghanistan au beau milieu d’une guerre entre l’armée américaine et des terroristes avec pour point d’orgue le crash du vaisseau Predator provoqué par le Predalien, l’autre reprenait peu ou prou le même scénario, mais dans une petite ville américaine aussitôt coupée du monde suite au crash et où d’innocents civils se retrouvent pris au piège.

Les producteurs jettent donc leur dévolu sur ce deuxième scénario et se lancent à la recherche d’un réalisateur. Après avoir décliné la proposition des créateurs des effets spéciaux Tom Woodruff Jr. et Alec Gillis de mettre en scène ce nouveau film, la FOX se tourne vers les frères Colin Strause et Greg Strause, également superviseurs d’effets spéciaux.

Ce n’est pas le premier contact des frères Strause avec la saga Alien. Grands amateurs de Aliens, ils avaient proposé à la FOX une idée de film dont l’action se déroulait entièrement dans l’espace, pour le premier film Alien vs. Predator. Dès que le script de Salerno fut rédigé, les producteurs pensèrent donc immédiatement à eux, notamment en raison de leur expérience dans les effets visuels et aux vues du budget envisagé. Les deux frères sont donc engagés et ont l’autorisation d’apporter quelques changements au scénario.

Les frères Strauss obtiennent 40.000.000$ de budget, soit beaucoup moins que pour le précédent opus. Le tournage du film démarre en septembre 2006 pour une sortie en 2007 ! Les frères Strause doivent à faire au plus vite, le calendrier imposé leur laissant, ainsi qu’aux acteurs, peu de temps pour répéter et faire plusieurs prises, ce qui les force régulièrement à improviser et aller à l’essentiel.

Les prises de vues sont malgré tout bouclées dans les temps et la date de sortie du film est prévue pour décembre 2007 sous le titre Aliens vs. Predator : Requiem.

Le récit débute donc là où l’opus précédent s’était achevé. Lors du voyage retour sur la planète des Predators, le Predalien s’extrait du torse de l’un des chasseurs morts. Pendant cette traversée, la petite créature grandit jusqu’à atteindre une taille imposante et assassine tous les membres de l’équipage. Le vaisseau s’écrase alors dans une forêt du Colorado. Après cet accident, le dernier Predator encore en vie envoie un message de détresse aux siens, avant d’être exécuté à son tour par l'hybride, qui s’enfuit et prend la direction de ville, accompagné de facehugger. Lorsqu’un certain nombre d’entre eux commencent à imprégner les humains et le Predalien à s’attaquer aux habitants, un autre Predator appelé à la rescousse par ses pairs arrive pour remettre de l’ordre.

Avec des cinéastes passionnés déterminés à ramener les deux sagas à leurs racines horrifiques et un scénario qui promettait d’amener sur grand écran le Predalien, créature fantasmée par une majeure partie des amateurs. Annoncé en grandes pompes, ce nouveau volet est pourtant malheureusement le plus faible des deux franchises réunies (pour le moment, en 2007).

Concernant les créatures, leur charme est toujours infaillible. Connus pour leur capacité à s’adapter rapidement à leur environnement, les xenomorphes sont ici en totale roue libre et attaquent de front au moindre signe de vie. Le chasseur extra-terrestre, quant à lui, connu pour s’adapter tout aussi rapidement que son ennemi, s’en sort aussi bien. Ses scènes génère de l’action, des fusillades musclées où la gestion de la tension contre les xenomorphes est bien présente.

L’autre attraction principale du film est donc le Predalien, union des deux créatures aux caractéristiques inédites. Plus grand que le xenomorphe, il dispose de griffes plus longues et de mandibules propres au Predator. Il conserve les tentacules en forme de dreadlocks, qui le ridiculisent légèrement et gâchent son design, sans toutefois ne rien enlever à sa nature menaçante et dérangeante. Assez bien conçu, doté d’une vision infrarouge et de réflexes foudroyants, le Predalien féconde également directement ses victimes, s’accrochant à leur visage avec ses mandibules et insérant des embryons extraterrestres dans leur estomac avec une langue creuse. Cet hybride a donc un indéniable potentiel horrifique et dérangeant (la scène de la maternité).

Le film a des effets gores plutôt réussis, le métrage ne lésine pas sur les scènes choquantes et éprouvantes pour les plus sensibles, mais qui raviront sans aucun doute les amateurs d’horreur. Cet aspect du film lui donne un certain rythme, en particulier cette scène dans une maternité qui risque de choquer même les plus téméraires ou encore la partie de chasse entre père et fils. Le film ne fait pas dans la dentelle et fait couler l’hémoglobine, à coups de sang acide projeté sur les visages, des poitrines et des estomacs qui éclatent, des bras démembrés et des têtes qui explosent. Si les trucages sont convaincants et instaurent une angoisse constante, chaque coin d’ombre laissant poindre une attaque suivie d’une mise à mort épouvantable, les enjeux dramatiques demeurent vains et le destin des personnages humains, peu attachants et pétris de clichés, laisse le public indifférent.

Du côté des humains, le récit ne fait pas beaucoup d’efforts. Les performances des acteurs sont une déception. Ils ne sont, en effet, pas vraiment aidés tant leurs personnages manquent de profondeur et de développement. Les conditions de tournage, sans compter la courte échéance afin de livrer le film au plus tôt, peuvent également expliquer le manque d’implication ou de temps pour adapter leurs jeux d’acteurs. Au mieux supportables, au pire oubliables, les héros sont génériques et répondent aux mêmes codes que des personnages de slashers, dont ils adoptent presque des comportements similaires.

Seuls le personnage principal prénommé Dallas, tout comme le capitaine du Nostromo du film Alien, interprété par Steven Pasquale et la soldat Kelly O’Brien interprétée par Reiko Aylesworth attirent la sympathie. De retour à la vie civile après avoir servi son pays, Kelly doit gérer le ressentiment de sa petite fille Molly, distante envers sa mère absente. L’apparition des monstres sera une opportunité pour elle de renouer le lien avec son enfant et de lui prouver qu’elle tient à elle coûte que coûte en la protégeant et en lui sauvant la vie à plusieurs reprises.

Les autres personnages semblent uniquement présents pour remplir le cahier des charges, le jeune homme amoureux qui veut impressionner la belle fille du lycée déjà en couple avec une brute, le policier qui tente de maîtriser la situation mais ne comprend pas ce qui se passe et la force armée composée de gros bras. Le public n’a pas vraiment l’occasion de s’attacher à eux et de se préoccuper de leur sort tant leurs intrigues sont dignes d’une fiction pour adolescents. Soit une poignée de personnages caricaturaux, écrits à la va-vite. Finalement, ils ne servent que de chair à canon pour les monstres, disparaissant de l’intrigue pour les besoins du script de diverses manières soudaines et violentes (mention spéciale à la love interest d’un des deux frères).

Et dire qu’il a été envisagé que Danny Glover reprenne son rôle de Michael Harrigan de Predator 2

Si le public est au rendez-vous dans les salles, l'opus reçoit des critiques assassines à sa sortie, aussi bien de la part des spécialistes que des amateurs de la saga, sauf moi finalement. L’augmentation de gore et de la violence fait partie des nombreux points reprochés, quand ce ne sont pas son montage haché, son éclairage excessivement sombre et le manque de nouvelles idées qui lui sont imputés.

Ce festival de mauvaises critiques ne décourage pourtant pas les frères Strause, qui pendant la promotion du film penchent déjà sur un troisième volet de la saga suite à la fin ouverte de leur film dans laquelle intervient un personnage jusqu’ici invisible depuis le film de Ridley Scott, mais dont le nom fait partie des plus connus de la saga Alien. L’apparition de ce personnage devait servir à préparer le terrain pour une éventuelle suite.

La suite devait se dérouler sur la planète des xenomorphes où une équipe de scientifiques et de soldats américains a été envoyée, avec en sa possession la technologie des Predators. Les Predators arrivaient sur la planète et devaient prendre en chasse un Roi Alien, une immense créature capable de voler. Mais le manque d’intérêt de la FOX pour mettre en chantier une nouvelle suite à la franchise face au succès en demi-teinte de Aliens vs. Predator : Requiem douche les espoirs des frères et la suite planifiée est suspendue définitivement.

Enfin, devant la descente aux enfers provoquée par les deux crossovers, comme l’avaient prédit James Cameron et Sigourney Weaver, un retour aux sources était nécessaire, chacune des franchises reprenant sa route jusqu’à de potentielles retrouvailles.

Dans l’ensemble, Aliens vs. Predator : Requiem offre des moments divertissants d’action et de gore, malgré qu’il soit freiné par son mauvais éclairage, son scénario, ses performances d’acteurs et ses personnages moyennement écrits. Les fans de la série comme moi trouveront peut-être un certain plaisir à regarder leurs créatures préférées s’affronter à l’écran.

StevenBen
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de la saga Alien

Créée

le 20 août 2024

Critique lue 10 fois

Steven Benard

Écrit par

Critique lue 10 fois

D'autres avis sur Aliens vs. Predator : Requiem

Aliens vs. Predator : Requiem
Vnr-Herzog
3

Écoute les orgues, elles jouent pour toi...

Quand un imbécile patenté (Paul Anderson) décide de réunir les deux créatures les plus mythiques du cinéma fantastique moderne dans un seul film ça nous donne un film mou (rho le découpage nul), ne...

le 27 mai 2010

38 j'aime

2

Aliens vs. Predator : Requiem
helldraco
7

Faut pas juger avant d'avoir vu ...

Ce soir, j'ai vu un film. Ce soir, pour être exact, j'ai revu un film pour être sûr que mes yeux et mon détecteur de daube n'étaient pas en grève. Puisque tu es un gros malin et que tu as lu le titre...

le 31 mai 2014

26 j'aime

Aliens vs. Predator : Requiem
Buddy_Noone
1

Explosion de caca

Alien vs Predator était nul. Tout simplement. Même votre petite soeur vous le dira. Lui trouver des qualités reviendrait à en chercher aussi au Batman and Robin de Joel Schumacher, au Terminator...

le 1 avr. 2020

15 j'aime

12

Du même critique

L'Initiation - Dragon Ball, tome 3
StevenBen
7

« Si tu veux un conseil, n’utilise pas toute ta force… » SANGOKU

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 18 oct. 2022

2 j'aime

3

Kaméhaméha - Dragon Ball, tome 2
StevenBen
7

« Il m’avait dit de ne pas la regarder mais je l’ai fait quand même ! » SANGOKU 

Comme la majorité des jeunes français, j’ai connu Dragon Ball le 02 mars 1988 sur TF1, dans le Club Dorothée. J’étais loin de me douter que ce dessin animé était l’adaptation d’une bande dessinée,...

le 17 oct. 2022

2 j'aime

3