Pas épargné par la critique et auteur d’un succès commercial limité, Alien vs. Predator eut tout de même droit à sa suite : Requiem. Un galop d’essai assez ambitieux pour les frangins Strause, spécialisés dans les effets visuels, qui bien que plus modeste en budget entendait déplacer l’action isolée du précédent film dans une petite ville du Colorado.
Un postulat ayant le mérite de raviver l’espoir d’obtenir quelque chose de neuf : car si le Predator s’était déjà distingué dans la jungle urbaine de Los Angeles, le Xénomorphe fut toujours cantonné à des environnements lointains. Imaginez donc : LE monstre parmi les monstres du cinéma d’épouvante-horreur, l’icône de science-fiction menaçant de débarquer dans nos rues, nos maisons… frisson garanti, même s’il devait s’agir d’un Predalien aussi prometteur que douteux ?
Dans la droite lignée du coup de « maître » de Paul W.S. Anderson, il n’en sera naturellement rien : prenant le parti de l’angle adulescent avec des relents de slasher, Requiem cumule quelques bonnes idées sur la papier pour mieux les saborder de bout en bout, incapable qu’il sera de concrétiser ses ambitions. Son intrigue, quoique pourvu de sursauts cruels et horrifiques corrects en tant que tels, s’enlisera avec application dans un développement convenu, formellement limité et gourmand en poncifs évitables.
Mais, surtout, le film est scandaleusement sombre. Dans le sens de l’image pure. C’est tout simple : nous n’y verrons pas grand-chose, l’action et l’épouvante se voyant noyées dans une bouillie d’ombres qui, fatalement, sapera à n’en plus finir le potentiel terrifiant du schmilblick. D’accord, les Strause ne sont pas des directeurs de la photographie, mais tout de même : l’on frise l’incompréhensible. Ce qui, en définitive, fait de Requiem un objet filmique des plus saugrenus : distillant ça et là quelques bonnes idées dans le théâtre prometteur de sa petite ville, la propension aux clichés de son fil rouge et le naufrage visuel qu’il entretiendra avec constance nous laisseront songeurs.
S’il s’agit d’une nouvelle déception pour les naïfs que nous sommes, il demeure toutefois moins conventionnel que son désastreux aîné. Preuve en est de son aptitude à parfois surprendre, en bien comme en mal, lui assurant un semblant d’identité et d’originalité dans le marasme et les ténèbres minant ses prétentions.