Rien que l'évocation de ce titre est déjà un déchirement pour les fans de la première heure:
BATTLE ANGEL ALITA, titre au choix purement gratuit utilisé il y a plus de 25 ans pour l'importation américaine au format comics d'un manga, dont le titre original n'évoque, ni un ange du combat, ni une héroïne répondant au nom d'Alita (j'aimerais enfin connaître le pourquoi du comment après un quart de siècle de questions sans réponse).
Les plus true (duc) des fans y ont vu déjà dès le départ, de par ce choix, un futur nanar...
D'autres, perplexes mais rassurés par la présence d'un génie tel James Cameron en producteur détenant les droits depuis une vingtaine d'années, ont attendus de voir à quoi ressemblerait cette adaptation réalisée par Robert Rodriguez.
Qui ? Robert Rodriguez. Plus communément appelé le Jean Claude Van Damme de la réal, tellement il est capable de faire un grand écart de qualité d'un film à un autre.
On va dire que c'est du bon Robert, avec des scènes d'action bien montées, bien nerveuses, bien qu'il devait certainement y avoir encore mieux à faire. L'une des questions est: est ce que tonton Cameron a mis le nez dans le montage ? Car c'est propre, pas de fioriture, et le script laisse de la place pour développer les sentiments du personnage.
D'ailleurs sur ce point, le développement des intrigues, des différents protagonistes, c'est très fidèle au manga. Je vois les gros yeux des true (duc) fans, je m'explique:
La psyché des personnages n'est pas ce qu'il y a de plus développé dans le manga, et au niveau du scénario, ce sont les mêmes éléments qui composent la première moitié de la série qui ont juste été mélangés, imbriqués de façon à ne pas faire une histoire décousue ou un film découpé en deux histoires, voir pire: s'arrêter là où s'arrêter les animes de l'époque ce qui n'aurait eu aucun intérêt pour les fans !
Les personnages sont fidèles à ceux de l'oeuvre de Yukito Kishiro, Christophe Waltz est Ido que ce soit en terme de physionomie ou de psychologie. Rosa Salazar est Gally, euh Alita; (je passe tous les autres personnages) et pour aller plus loin Ed Skrein fait un parfait Zapan, la direction artistique ayant été extrêmement fidèle au design originaux de chacun !
Le seul bémol que tout le monde a remarqué dès les premiers trailers: Iron City et la décharge ne sont pas si dégueu que ça, le côté cyber punk, post apo étant légèrement édulcoré mais rien de choquant, les décors, comme le reste de la D.A, sont soignés, détaillés et fidèles.
Les trois vrais soucis du film faisant que l'on ne peut l'élever au rang d'oeuvre culte sont:
Son manque de rythme, prendre le temps de développer ses personnages c'est bien, mais il manque le petit truc pour redynamiser entre deux ou au contraire créer des moments sans réel besoin de rythme, plus posé, tranchant au reste, certainement le côté cul entre deux chaises de Mister Robert JCVD Rodriguez.
Sa bande originale, Tom Holkenborg signe là une B.O des plus impersonnelles et bateau comme seul Hans Zimmer sait le faire dans ses périodes de rush, rien à retenir dommage, il y avait de quoi faire !
Et sans thèmes marqués par l'identité du personnage et de son univers, juste les arrangements standards et froids de toutes les grosses productions américaines, aucune scène n'est portée par une musique transcendant l'action ou les sentiments à un autre niveau., Une meilleure bande son n'aurait elle pas créée une partie du rythme manquant ?
Le dernier souci de ce film concerne les connaisseurs du manga: aucune réelle surprise, on ne sort pas des limites de celui ci, dans un souci de fidélité ce qui n'est pas pour déplaire, mais on voit se dessiner chacune des scènes, voire planche, aucune sous intrigue inédite.
Un petit plus pour les fans d'acteurs de seconde zone dont certains réals aiment user de leurs talents pour des petits rôles: la présence de Jeff "le cobaye" Fahey (le cowboy cyberpunk à chien), ou encore Casper Van Dien, je ne spoilerai pas un grand acteur présent !
Au final, Alita est une très bonne adaptation de Gunnm, ayant des défauts ne lui permettant pas de sortir du lot des très bons divertissements de science fiction pour s'envoler au rang de film culte.
De quoi passer un très bon moment, installant un univers pour une éventuelle suite mieux conçue si le succès nécessaire est au rendez vous. Espérons que son destin au box office permettra d'en juger.