Faut-il que Hollywood manque d’imagination pour que, non seulement il nous inonde des suites, de remakes et autre reboots de ses franchises, mais qu’il aille désormais piocher des idées dans l’imaginaire nippon ? Pensez aux tristes Kaijus de Pacific Rim de Guillermo tel Toro (2013) et au désolant Ghost In The Shell de **Rupert Sander**s (2017).
Le scénario d’Alita est une variation sur le manga Gunnm de Yukito Kishiro. Dans un avenir proche, le monde s’est scindé entre une petite élite, réfugiée dans une cité interdite, Salem, et un peuple misérable et maltraité. Nombreux sont les humains à porter des prothèses bioniques. Les plus agressifs s’entrainent au dangereux Motorball, le seul accès connu à Salem. En l’absence de police, la justice a été confiée à une caste de chasseurs de primes. Rien de neuf sous le soleil...
Un gentil chirurgien découvre dans une décharge un buste abandonné. Il le greffe sur un corps d’androïde ayant appartenu à sa fille. Depuis Astro Boy, le petit robot aux formes enfantines d’Osamu Tegusa (1952), les Japonais raffolent des gamins et gamines pré-pubères foutant des roustes aux vilains robots. Bien qu’amnésique, la gracieuse et naïve Alita se révèlera une guerrière surentrainée. Pourquoi pas... Le hic, c’est qu’un scénario absurde enchaine coïncidences improbables et situations absurdes, tout en évacuant la cruauté du manga.
Si Dyson Ido (Christoph Waltz) est le père adoptif d’Alita, Chiren (Jennifer Connelly), son ex-femme, en serait sa belle-mère. Or, Chiren est la maîtresse de Vector, le puissant et maléfique patron du Motorball et l’âme damnée du maître de Salem. Alita flirte avec un gamin qui se trouve être le fournisseur de Vector. Le monde est trop petit. Plus surprenant encore, la nuit, le doux et fluet Ido chasse les monstrueux androïdes. Robert Rodriguez aime manifestement la magnifique Chiren, mais ses apparitions ne répondent à aucune logique et sa mort semble avoir été coupée au montage.
Oublions l’histoire, pour nous intéresser aux séquences de combat sensées être le clou du spectacle. Alita affronte des brutes décervelées aux physiques de machine-outil. C’est techniquement réussi, mais cousu de fil blanc et disgracieux. Seule concession au marché américain, pour assumer une romance, Alita hérite d’un corps surpuissant d’apparence plus gironde. Un box-office décevant semble devoir nous priver de la suite. Pas grave.