"All About Lily Chou-Chou" c'est typiquement le genre de film dans lequel je me lance sans trop savoir de quoi ça parle. J'avais vaguement cerné une histoire de pop-star japonaise et de garçons en pleine puberté, mais c'est véritablement à tâtons que j'ai entrepris le visionnage du film de Shunji Iwai. Tout commence dans un champ d'un vert presque irréel, un gamin écoute de la musique digne des plus gros clichés de trip hop imaginable, la scène est entrecoupée d'écrans noirs présentant une discussion banale sur un forum internet où des mecs - aux pseudos à l'originalité qui vous rappellera sans doute les plus mauvais animés que vous ayez pu voir - causent visiblement d'une pop-star japonaise qu'ils semblent vénérer. Sauf que c'est pas n'importe quelle vénération : vous savez les gamines fans des 1D, qu'elles érigent au rang de dieux vivants ou de génies qui feraient passer The Who pour des parvenus qui veulent juste ventre des CDs pour continuer à passer sur Nostalgie ? Oui, bien c'est la même chose en pire. On se croirait dans une secte, une sorte de religion dont le manitou serait cette Lily Chou-Chou que tous semblent adorer.
À vrai dire quand je me lance dans une analyse personnelle d'un film, j'ai toujours peur de dire de la merde. Que je commence à partir dans des interprétations foireuses, surtout que j'ai presque tout le temps tendance à chercher un propos sous-jacent dans chaque film que je vois, même dans les dernières productions de Paul W.S. Anderson (sérieusement, je me suis vraiment posé des questions devant "Pompéi"). C'est pour ça que j'hésite un peu à donner mon interprétation de "All About Lily Chou-Chou" car je ne suis pas certain d'avoir tout compris, et en plus de cela j'ai vu le film alors que j'étais très fatigué.
Il est assez évident que le film parle de la jeunesse, de la puberté - mais pas nécessairement du passage à l'âge adulte. Du moins je l'ai pas vu comme ça. On ne montre pas les protagonistes grandir, mais simplement rechercher leur propre identité, leur propre raison d'être. Lily Chou-Chou à la rigueur on s'en fout, c'est juste un prétexte, le rebord d'une falaise auquel on s'accroche. Certains vont tomber, et sombrer, d'autres vont se relever et continuer leur vie. J'ai vu le film comme ça, du moins c'est ce qu'il m'a évoqué - cet éternel combat, pendant la période des 11-15 ans, où on est en constante remise en question existentielle. C'est la période charnière : ce qu'on est à 15 ans, on le sera toute notre vie. Et justement, cette façon d'aborder cette "tranche de vie" rend "All About Lily Chou-Chou" assez original - au lieu de parler d'initiation, on parle d'épreuve, parce que contrairement à une initiation, on peut échouer.
C'est pour ça que le film a été une énorme claque dans mon cas. C'est définitivement un film très sensitif, qui plaira sans doute davantage à ceux à qui le film évoquera plus de choses - c'est mon cas. J'ai rarement eu un tel niveau d'empathie pour un personnage aussi imparfait (qui m'a fait énormément penser à Shinji dans Evangelion). Puis techniquement, c'est très ambitieux. C'est certain que beaucoup n'aimeront pas le style du film, mais il s'en dégage une indéniable atmosphère, à la fois hypnotique et onirique. Des chois musicaux (Debussy) que certains reprocheront mais qui, je trouve, soulignent l'ambiance unique de l'intrigue et de la mise en scène.
Dans tous les cas, ça ne laisse pas indifférent.