All we imagine as Light ne fait pas partie de ces films qui font l'unanimité, dans un sens positif ou pas, d'ailleurs, et sa réception par chaque spectateur dépend aussi largement de son humeur du moment, de sa capacité d'ouverture et de sa fatigue immédiate. Disons que la quasi-absence de trame narrative n'aidera pas ceux qui recherchent avant tout une évolution dramatique et moins une atmosphère, des portraits et des situations. Le film de Payal Kapadia s'attache à une ville tentaculaire, Mumbai, et plus particulièrement à trois infirmières en hôpital, dont la vie sentimentale est difficile, pour des raisons très différentes. Malgré un contexte peu propice à l'épanouissement des femmes dans la société indienne, ce que d'autres longs-métrages du pays ont souvent décrit, le ton du film est plutôt doux, contemplatif, et verse même dans l'onirisme dans sa dernière partie située au Kerala, en bord de mer. Peut-être que là, la cinéaste perd un peu le fil, ou pas, car si le film est clairement féministe, il l'est sans révolte apparente, cherchant davantage à s'approcher de ses personnages, avec bienveillance et parfois un peu d'opacité dans son déroulement. A voir les yeux grand ouverts et avec une attention de tous les instants. Et si ce n'est pas le cas, pourquoi ne pas retenter l'expérience à l'occasion ?