Sorti ce 31 juillet en salles à Toulouse (une sacrée AP pour tout l'été) d'un des événements de Cannes 2024, reparti Grand Prix du jury, premier film indien primé là-bas depuis une éternité et film réalisé par une femme, Payal Kapadia dont c'est le 2e long-métrage (pas vu le premier).
Je ne m’attendais pas à ce que j’ai vu - curieusement je me souvenais d'une presse cannoise vantant un film queer au féminin - mais j’ai beaucoup aimé ce film incroyablement doux, sensuel, lumineux, à la photographie superbe, qui traite un sujet social en prenant le contrepied du misérabilisme et de la noirceur qu’on aurait pu attendre d’un film de festival primé venant d'un pays émergent.
Faussement conventionnel, très contemporain dans son approche de la ville, de la condition de la femme en Inde, avec un habillage sonore extrêmement minutieux (les sons de la ville, des voix entremêlées, le bruit de la pluie, des touches de piano légères qui rappellent Emahoy Tsegué-Maryam Guébrou, puis les sons de la forêt et de la mer et des notes plus électroniques, éthérées, presque shoegaze sur la fin).
Le fill m’a bercé à la manière d’un programme ASMR, il m’a bien fait planer aussi, certaines séquences rappelant le travail de Apichatpong Weerasethakul, une sorte de réalisme magique très diffus, de glissement imperceptible entre le réel et le rêve, le tangible et l’hypothétique.
N’y allez pas trop fatigués, sinon vous risquez de vous taper votre meilleure sieste comme mon copain que j'ai traîné voir ce flm (il a aimé malgré tout), mais cela fait partie de l'expérience je trouve, ce n’est pas ennuyeux mais le rythme a quelque chose d’hypnotique.
Un très beau film bleu et mauve, essentiellement nocturne puis brièvement solaire, urbain puis littoral, féminin et féministe avec un vrai regard de cinéaste, des séquences oniriques et sensuelles assez inoubliables, une poésie qui passe aussi par le jeu entre hindi et malayalam (et qui se perd un peu en route pour les pauvres occidentaux que nous sommes).