Avant d’entrer dans le vif du sujet, commençons par poser le synopsis. Un groupe « secret » composé de quelques personnes offrent leur service auprès de familles endeuillées, en proposant de remplacer la personne qu’ils ont perdue. Cela permettrait de faciliter leur deuil. Alors les « acteurs » jouent le rôle du défunt, ils apprennent leurs habitudes, leurs goûts, leurs manières de vivre.
Encore une fois, Yorgos Lanthimos frappe fort avec un synopsis étrange, voire malsain, mais qui attise la curiosité et l’intérêt. Néanmoins, en ce qui me concerne, la curiosité était bien présente pendant le film, mais l’intérêt s’est vite fait la malle…
En effet, le sujet s’annonçait comme des plus intéressants, celui du deuil et de toutes les questions qui en découlent. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié l’aspect lucratif qui est apporté au sujet, puisque nous sommes clairement face à des personnes qui se font de l’argent sur le dos des endeuillés, on peut l’dire. Une fois de plus, Yorgos Lanthimos joue avec l’absurdité et nous désarçonne, nous gêne presque. Parce que oui, nous sommes gênés face à ces acteurs, qui nous paraissent pathétiques et médiocres en jouant le rôle de la personne disparue. Mais nous le sommes encore plus face aux familles qui les engagent, qui n’ont aucune réaction, qui sont aussi pathétiques que les acteurs. Impossible d’ailleurs de ressentir de l’empathie pour ces familles, qui pourtant sont en deuil.
Vous l’aurez senti (ou vous le sentirez) : le film est centré surtout autour d’une des jeunes filles faisant partie des acteurs, que l’on peut presque qualifier de personnage principal. Je me suis perdue autant qu’elle, qui n’arrive plus à distinguer sa propre personnalité des rôles qu’elle incarne. Très vite, la frontière entre jeu et réalité s’estompe et nous n’arrivons plus à faire la différence entre les deux.
Par exemple, je me suis faite surprendre par la scène finale : moi qui pensais que la gymnaste en était une vraie, j’ai finalement compris qu’elle aussi jouait depuis le début le rôle d’une défunte gymnaste.
Néanmoins, je reproche justement à l’oeuvre de s’être centrée principalement sur cette jeune fille, ce "personnage principal", alors qu’il aurait été beaucoup plus intéressant d’être plus général et de s’intéresser à cette petite entreprise (qui ne connaît pas la crise ?).
Pour faire court, il y avait de l’idée, beaucoup d’idées même. Mais pour moi, le film est mal traité. Si mal traité que j’ai fini par m’ennuyer et regarder à plusieurs reprises quand est-ce qu’il allait se terminer. La fin, sans dénouement satisfaisant, m’a également déçue.
Dommage dommage…