De tous les films de Fellini, "Amarcord" reste l'un des plus accessibles.

Jamais autant qu'ici Fellini n'avait manifesté un soucis de simplicité. On peut même déceler dans "Amarcord" une trame narrative presque classique, avec un début, un milieu, une fin, en tout cas une progression des personnages, de l'histoire.
On a beaucoup dit qu'"Amarcord" était une chronique et il l'est sans conteste ; mais ce terme réducteur ne rend pas assez justice aux nombreuses richesses du film, à ses différents niveaux de lecture.

On s'attache aux personnages, on les regarde vivre, grandir ou mourir. On rit souvent (car "Amarcord" est aussi le film le plus ouvertement comique de Fellini... la séquence des professeurs ou celle de l'oncle fou sur son arbre sont, à cet égard, des modèles du genre), on est aussi souvent ému (la mort est représentée sans lourdeur excessive, ce qui la rend d'autant plus poignante).

Mais la chronique est aussi présente dans la facture même du film : son déroulement évoque les saisons ; saisons qui rythment d'ailleurs le film : il s'ouvre et se ferme sur les "manine" qui annoncent le printemps (entre temps, on a vu passer le soleil estival, le brouillard automnal ou la neige hivernale).
Mais ces saisons sont aussi celles de la vie : au fur et à mesure qu' "Amarcord" avance, il devient de moins en moins burlesque et de plus en plus pathétique, jusqu'à la pointe de légèreté nostalgique finale.

Admirable de légèreté, de finesse, infiniment poétique, "Amarcord" n'oublie pas de dire aussi des choses sur des sujets plus graves.
Le fascisme y est dépeint de manière pour le moins originale, mais, en y pensant bien, pas si éloignée que ça de la réalité : ce sont en effet les mêmes personnages qu'on a trouvés tellement sympathiques et drôles au début qui se révèlent être de fervents supporters du Duce ; et le seul résistant qu'on nous montre est plus pathétique qu'héroïque... Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir.

Mais Fellini, comme toujours, ne juge pas : il dessine. C'est là le secret de son cinéma ; c'est aussi sa magie : et, avec "Amarcord", cette magie agit plus que jamais.
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le 28 janv. 2015

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