Contrairement à ce que son titre laisse penser, America, America ne traite pas des Etats-Unis.
Il évoque le chemin de croix d'un grec vivant en Turquie pour y immigrer.
Des lieux
Elie Kazan va donc nous emmener des sublimes décors de l'Anatolie vers Constantinople.
On y découvrira :
- les panoramas somptueux de la Cappadoce,
- la ruralité des villages turques,
- l'effervescence du carrefour commercial qu'est Constantinople.
De ce point de vue, je ne placerai pas le film au rang des chefs d'oeuvre visuels.
A titre d'exemple, il y a une marge entre le savoir-faire de Kazan et de maîtres cinématographiques tels que Kurosawa ou Bergman.
Un homme
Mais America, America est surtout un film sur les rêves des Hommes :
- de sortir de leur misère (matérielle ou sociale),
- de mettre en oeuvre leurs idéaux politiques et d'accéder à leurs droits,
- de réaliser leur rêve quelque qu'il soit, en quittant la matérialité de la vie pour être dans celui des valeurs.
A ce titre, les échanges entre le beau-père et le jeune protagoniste en quête d'idéal est frappant. L'un résumant sa vie à remplir sa panse et jouir de beaux paysages.
L'autre ne souhaitant qu'une seule chose : aller au bout de sa quête sans pour autant avoir été nourri d'images d'Epinal.
Une époque
L'intérêt du film réside également dans son aspect historique :
- oppression par les Turcs musulmans de l'ensemble des populations, qu'elles soient arméniennes ou grecques. Le film met donc en scène des pogroms d'arméniens (200 000 morts entre 1894 et 1896) qui ne sont hélas que les préliminaires au génocide arménien de 1915.
- description partiale du Musulman qui est fourbe, esclavagiste ou voleur et des patriarches grecs complices et lâches,
- révolution fomentée par les anarchistes turques.
En résumé
Sans doute pas le plus grand des films d'un point de vue réalisation cinématographique.
Mais un témoignage poignant sur l'immigration et la quête d'idéal.