« My name is Elia Kazan, I'm a Turk by birth, a Greek by blood and American because my uncle made a journey » nous dit la voix du réalisateur avant que l’histoire ne commence.
L’histoire est donc celle de cet oncle, tout au moins de sa jeunesse et de l’incroyable périple qui finira par le conduire, à la toute fin du film, aux États-Unis. Kazan étant son propre producteur il a pu réaliser un film complètement hors-norme par rapport au films américains de la même époque : une photo en noir et blanc, aucune vedette et surtout une durée de presque trois heures !
Le périple de Stavros est traité tantôt sur le mode intimiste, tantôt sur le mode épique, le film se présentant un peu comme une odyssée avec un itinéraire plein d’embûches que notre héros devra chaque fois surmonter de manière plus ou moins honorable, et surtout de moins en moins honorable.
La réalité s’imprègne constamment d’une dimension onirique ce qui n’empêche pas que la description de la vie dans un village d’Anatolie, celle des conditions de travail sur les quais, celle d’un intérieur bourgeois à Istamboul, soient criantes de vérité.
Et c’est là d’ailleurs que le bât blesse car Kazan a cédé à la facilité de laisser tout le monde s’exprimer en anglais ce qui ne cadre pas du tout avec le réalisme du film qui a été tourné sur place en Turquie et avec des acteurs extrêmement typés : voir des mendiants, des villageois, des soldats, des habitants d’un village perdu d’Anatolie s’exprimer dans un anglais quasi-parfait devient complètement surréaliste ! Cela débouche d’ailleurs, à la fin du film, sur une absurdité car au moment du débarquement aux États-Unis et face au service de l’immigration, Stavros ne comprend pas ce que lui disent les fonctionnaires chargés de l’accueil puisqu’il ne parle évidemment pas anglais alors qu’il parle en anglais depuis le début du film !!!
Dommage car sans cette erreur grossière le film aurait été un chef d’œuvre !