Sans une erreur grossière le film aurait été un chef d’œuvre !

« My name is Elia Kazan, I'm a Turk by birth, a Greek by blood and American because my uncle made a journey » nous dit la voix du réalisateur avant que l’histoire ne commence.

L’histoire est donc celle de cet oncle, tout au moins de sa jeunesse et de l’incroyable périple qui finira par le conduire, à la toute fin du film, aux États-Unis. Kazan étant son propre producteur il a pu réaliser un film complètement hors-norme par rapport au films américains de la même époque : une photo en noir et blanc, aucune vedette et surtout une durée de presque trois heures !

Le périple de Stavros est traité tantôt sur le mode intimiste, tantôt sur le mode épique, le film se présentant un peu comme une odyssée avec un itinéraire plein d’embûches que notre héros devra chaque fois surmonter de manière plus ou moins honorable, et surtout de moins en moins honorable.

La réalité s’imprègne constamment d’une dimension onirique ce qui n’empêche pas que la description de la vie dans un village d’Anatolie, celle des conditions de travail sur les quais, celle d’un intérieur bourgeois à Istamboul, soient criantes de vérité.

Et c’est là d’ailleurs que le bât blesse car Kazan a cédé à la facilité de laisser tout le monde s’exprimer en anglais ce qui ne cadre pas du tout avec le réalisme du film qui a été tourné sur place en Turquie et avec des acteurs extrêmement typés : voir des mendiants, des villageois, des soldats, des habitants d’un village perdu d’Anatolie s’exprimer dans un anglais quasi-parfait devient complètement surréaliste ! Cela débouche d’ailleurs, à la fin du film, sur une absurdité car au moment du débarquement aux États-Unis et face au service de l’immigration, Stavros ne comprend pas ce que lui disent les fonctionnaires chargés de l’accueil puisqu’il ne parle évidemment pas anglais alors qu’il parle en anglais depuis le début du film !!!

Dommage car sans cette erreur grossière le film aurait été un chef d’œuvre !


Jean-Mariage
7
Écrit par

Créée

le 8 nov. 2024

Critique lue 3 fois

Jean-Mariage

Écrit par

Critique lue 3 fois

D'autres avis sur America, America

America, America
Docteur_Jivago
8

L'immigration vu par un immigré, puissant, intelligent et sombre

« My name is Elia Kazan, i'm a Turk by birth, a Greek by blood and American because my uncle made a journey » Seizième film de Elia Kazan et donc l’un de ses plus personnels, lui-même ayant immigré...

le 19 mai 2014

12 j'aime

2

America, America
klauskinski
9

Critique de America, America par klauskinski

En s'attachant aux pas d'un jeune grec en quête d'Amérique, Kazan filme un magnifique apprentissage de la vie, au cours duquel le héros surmonte maintes épreuves et passe par tous les états, ses...

le 23 déc. 2010

6 j'aime

4

America, America
batman1985
10

Critique de America, America par batman1985

J'avais découvert il y a un petit temps le cinéma d'Elia Kazan avec Sur les quais, joué par le formidable Marlon Brando. Si je dois reconnaître que c'est un bon film, ce n'était pas non plus le...

le 6 mai 2011

3 j'aime

1

Du même critique

Le Gai Savoir
Jean-Mariage
9

Chef-d'œuvre.

Ce film inaugure la « période Mao » de Godard et son entrée dans l'anonymat du cinéma militant, dont il ne sortira que des années plus tard. Filmés sur fond noir (la photo et les couleurs sont...

le 17 janv. 2017

10 j'aime

La Prison
Jean-Mariage
8

Premier "vrai" Bergman et petit chef-d'oeuvre.

La prison est le sixième film réalisé par Bergman, alors quasiment inconnu, mais on peut considérer qu’il s’agit du premier « vrai » Bergman, puisque les cinq films précédents étaient des films de...

le 25 mars 2020

9 j'aime

2

Un vrai crime d'amour
Jean-Mariage
8

Roméo et Juliette en mode prolo.

Finalement, c’est l’éternelle histoire de Roméo et Juliette. Ici, vraiment tout les sépare : leur mentalité, leur famille et, d’une manière qui s’avère radicale, l’exploitation capitaliste. Luigi...

le 20 févr. 2020

8 j'aime